Des romances, il en existe depuis la nuit des temps. Sur les peintures, les sculptures, dans la musique, les livres, mais aussi au cinéma. On a tous en tête des films qui nous arrachent la larme à l’œil, qui arrivent à faire craquer ceux qui estiment être les plus endurcis. Les romances n’ont pas vocation à être superficielles, il y a toujours un message derrière. Et cela, Frank Borzage l’avait très bien compris. Je connaissais déjà son Lucky Star, mais pas encore l’un de ses films les plus estimés, L’Heure suprême.


Dans la crasse des égouts, dans les taudis délabrés oubliés de la Belle Epoque, à l’orée de l’horreur, des destins s’apprêtent à se mêler pour envoyer un puissant message d’espoir pour le salut de l’humanité. C’est souvent pour nous toucher au cœur que les romances existent, mais L’Heure suprême parvient à se détacher grâce à son intrigue et à sa symbolique pour faire encore mieux et encore plus. Tout y est : l’optimisme comme arme face aux épreuves de la vie, l’amour comme moteur, et l’horreur et la honte de la guerre.


Il n’y a vraiment que le cinéma muet qui puisse aussi bien transmettre des messages universels et humains de cette manière et avec autant d’intensité et de sincérité. Ce n’est pas juste une jolie amourette, c’est une vraie fable optimiste et un plaidoyer contre la guerre mais, surtout, un appel du cœur pour montrer que l’humanité triomphera toujours, même après avoir creusé sa propre tombe et s’y être enterrée. Avec cette éternelle symbolique de l’ascension, la montée des étages, le regard vers le haut, le passage des égouts, à la rue puis aux toits… 7th Heaven porte bien son nom, les regards sont braqués vers les étoiles pour nous élever vers quelque chose de meilleur.


Pas besoin de voix, les visages suffisent à véhiculer toute cette émotion. L’alchimie parfaite entre Janet Gaynor et Charles Farrell en fait un des couples les plus mythiques de l’histoire du cinéma. Ils franchissent les barrières du temps pour porter à eux deux cette fable universelle et magnifique. Janet Gaynor figure parmi ces beautés éternelles, à la douceur communicatrice. Ici, elle tient certainement l’un de ses plus grands rôles, qui lui vaudra, pour la petite histoire, le premier Oscar de l’histoire en tant que meilleure actrice.


Le cinéma d’antan n’aura de cesse de surprendre et regorge définitivement de chefs d’oeuvre intemporels. Parmi ceux-ci figure sans aucun doute L’Heure suprême, un film à la beauté indiscutable, à la poésie émouvante, et au discours universel et humaniste. Borzage livre un film abouti, touchant de sincérité, parfaitement maîtrisé du point de vue de la réalisation, avec ses influences expressionnistes et ses jeux de lumière qui donnent au film un aspect très féerique. Un très beau moment de cinéma que je ne peux que vous inviter à vivre à votre tour.

JKDZ29
9
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à ses listes Les meilleurs films muets, Les meilleurs films des années 1920, Vus en 2018 : Explorations filmiques et Anthologie du cinéma muet

Créée

le 29 juil. 2018

Critique lue 238 fois

4 j'aime

2 commentaires

JKDZ29

Écrit par

Critique lue 238 fois

4
2

D'autres avis sur L'Heure suprême

L'Heure suprême
Torpenn
10

Objectif Lune

Un superbe film de Borzage, encore ! Mélo magnifique, film de guerre, histoire d'amour, tragédie, tout ça en même temps, avec Janet Gaynor par dessus, par dessous, comme elle veut... Vous ai-je déjà...

le 2 déc. 2010

51 j'aime

69

L'Heure suprême
Docteur_Jivago
9

L'amour fou au delà de la misère

Quelques notes de "La Marseillaise" pour ouvrir le film puis l'on découvre deux vies différentes, celle de la jeune Diane qui vit dans la misère et se fait maltraiter par sa grande sœur et celle de...

le 29 déc. 2014

32 j'aime

3

L'Heure suprême
Pruneau
9

L'amour dans l'âme

L'Heure suprême pourrait être la face B de l'Aurore. Janet Gaynor obtient le premier oscar de la meilleure actrice de l'histoire pour ces deux films. Deux films qu'elle a tourné en même temps, l'un...

le 9 déc. 2010

31 j'aime

39

Du même critique

The Lighthouse
JKDZ29
8

Plein phare

Dès l’annonce de sa présence à la Quinzaine des Réalisateurs cette année, The Lighthouse a figuré parmi mes immanquables de ce Festival. Certes, je n’avais pas vu The Witch, mais le simple énoncé de...

le 20 mai 2019

77 j'aime

10

Alien: Covenant
JKDZ29
7

Chronique d'une saga enlisée et d'un opus détesté

A peine est-il sorti, que je vois déjà un nombre incalculable de critiques assassines venir accabler Alien : Covenant. Après le très contesté Prometheus, Ridley Scott se serait-il encore fourvoyé ...

le 10 mai 2017

75 j'aime

17

Burning
JKDZ29
7

De la suggestion naît le doute

De récentes découvertes telles que Memoir of a Murderer et A Taxi Driver m’ont rappelé la richesse du cinéma sud-coréen et son style tout à fait particulier et attrayant. La présence de Burning dans...

le 19 mai 2018

43 j'aime

5