Hugo délire
Je vais finir par passer pour une vieille aigrie en rabâchant mon sempiternel avis sur les biopics de gens pas intéressants, mais il faut croire que certains réalisateurs me tendent des perches...
le 23 févr. 2013
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Suite au succès outre-Atlantique de La Nuit américaine, François Truffaut choisit d'aborder une histoire alors méconnue mais qui l'a touchée : celle d'Adèle Hugo, la sœur cadette de Léopoldine que chaque élève de France a connue en étudiant "Demain dès l'aube". Si elle n'a pas eu le funeste destin de sa sœur, Adèle n'a pourtant pas manqué d'embrasser un destin dramatique que le réalisateur dépeint non sans un certain talent. Ainsi, L'Histoire d'Adèle H. lui permet de revenir au film en costumes, quatre années après Les Deux Anglaises et le Continent, et donc à une recherche esthétique autour de la reconstitution historique.
Le récit prend donc place en plein XIXème siècle où la jeune fille du plus auguste écrivain de l'époque débarque au Canada et emménage dans une pension sous une fausse identité. En la suivant, on comprend vite que la belle Adèle (Isabelle Adjani) est à la recherche d'un homme et plus précisément du lieutenant Pinson (Bruce Robinson) qui, malgré tout un tas de versions contradictoires, est en réalité l'objet de sa venue et de toutes ses passions. Se construit alors une intrigue autour de cet amour fou et désespéré qui la conduira à encore mentir à ses parents (et cela jusqu'à l'humiliation de l'éclatement de la vérité) puis à sombrer dans la misère pour errer de manière fantomatique dans les rues du port africain où elle a encore poursuivi le soldat qui n'a pourtant cessé de la rejeter.
Le film parvient donc à créer une ambiance autour du désespoir et de la folie de cette femme dont la névrose est très justement interprétée par l'actrice maladive qu'est Isabelle Adjani. Par contre, je trouve que la reconstitution historique n'est pas très réussie, en tout cas moins que dans Les Deux Anglaises et le Continent où le travail esthétique était assez charmant. Dans celui-là, on sent véritablement le manque de moyens...
Dans cette section je souhaite rajouter une considération sur la fin. Dans une interview, Truffaut affirmait que son film se termine sur une note heureuse. Effectivement, lorsque Adèle croise pour la dernière fois son soldat elle n'y fait même pas attention et passe son chemin. Pour le réalisateur, c'est le signe qu'elle est libérée de cet amour destructeur. Sur cette idée, je suis en désaccord total : ou bien Truffaut ne comprend pas sa propre fin (ce qui serait quand même grave...), ou bien il l'a complètement ratée si c'était bien de faire une happy end son intention. Le fait qu'elle ne remarque pas l'Anglais montre davantage à quel point son esprit est perdu (elle ne fait pas attention à lui comme à n'importe qui, elle ne voit plus vraiment ceux qui l'entourent, au mieux aperçoit-elle un uniforme comme au début lorsqu'elle arrête le figurant joué par Truffaut), elle divague de façon purement apathique, sans aucun horizon. À cela s'ajoute qu'elle finira sa vie en asile, maison de tourment plus que de repos tel qu'on le voit dans le destin de Camille Claudel, personnage également incarné par Adjani.
Mon cycle François Truffaut :
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Créée
le 15 juil. 2017
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