Il arrive qu'on fasse parfois en Festival une découverte bouleversante. Ce fut le cas pour moi au Festival d'Arras 2015, avec Virgin Mountain. Apprendre quelques semaines plus tard que ce film islandais au sujet un peu aride allait être diffusé en France m'a procuré une joie sans mélange : nous sommes bel et bien le pays de la cinéphilie.
Fusi est obèse, et sa libido est faiblarde, pour ne pas dire inexistante. Et le manque de libido, dans notre société, est mal considéré. Donc Fusi a des problèmes : quand il refuse une pute gentiment offerte par ses collègues de boulot, ou quand il sympathise avec une petite fille et qu'on le soupçonne immédiatement de pédophilie.
Fusi n'est pas stupide. Fusi n'est même pas gentil. Fusi regarde les autres êtres humains avec bienveillance. Il n'aime pas aller vite, il prend son temps. C'est un taiseux, un contemplatif, un manuel, un patient. Il a l'intelligence pratique. Il est un personnage magnifique, un des plus beaux que le cinéma nous ait donné récemment.
Le réalisateur islandais du film, Dagur Kari, possède un talent solide, et il dirige très bien ses acteurs. L'immersion dans la réalité islandaise est très efficace (c'est gris !).
L'histoire du géant timide est un film qu'il faut absolument découvrir, sorte de leçon de choses sur la nature humaine, et formidable introduction à l'état d'esprit islandais, dont le parler-vrai flirte toujours avec la brutalité : "Merci de ne m'avoir pas tuée", dit la jeune femme à Fusi qui l'a ramenée chez elle !
Une pépite.