L'Homme au bras d'or par Garcia
L'Homme au bras d'or est peut-être un film qui propose une vision inédite sur la drogue, mais ça ne l'empêche pas d'être sacrément lourd.
Et puis il manque nettement un scénario, tout tourne un peu trop autour de l'addiction de Frankie, son milieu naturel étant sans surprise, composé de personnages clichés et de situations attendues. A vrai dire, le principal problème, c'est que passé l'exposition des enjeux et du contexte, on sait bien que le personnage pas très passionnant de Sinatra va retomber dans la drogue avec des hauts et des bas, ses culpabilités et ses faiblesses, et c'est exactement ce qui se passe durant 2 heures... C'est très répétitif, il n'y a aucune surprise, aucune intrigue parallèle intéressante et c'est vraiment énervant de voir un personnage faible céder à sa faiblesse annoncée, d'autant plus qu'il n'est pas si touchant. Frank Sinatra ne fait pas preuve d'un charisme exceptionnel, on s'ennuie ferme à le suivre entre ses femmes sans saveur, ses mauvaises fréquentations pas très grisantes et sa nouvelle passion à laquelle on ne croit pas trop (il manquerait de bons numéros de batterie pour nous convaincre un peu).
Le propos sur la drogue est très très démonstratif, et c'est vraiment dommage parce qu'il n'est pas si manichéen. Le bras d'or du titre est un concept un peu foireux, surement sensé être accrocheur, alors on nous le sert un peu à toutes les sauces, une fois c'est sensé être le bras assuré du joueur de batterie, une autre fois le bras habile et chanceux de joueur de poker. C'est pas dégueu comme image ce bras qui doit être fort et qui tremble quand Frankie est en manque et dans lequel il s'injecte sa dope, mais c'est quand même un symbolisme très gros sabots et un peu malhabile.
J'admettrai tout de même que Sinatra est assez crédible en junkie. Mais ça ne suffit pas. Preminger ne transcende pas son sujet par une mise en scène exceptionnelle, il y a tout juste deux ou trois mouvements de caméra assez beau. Les rôles secondaires sont archétypiques au possible, à part peut-être le bouffon de service, Arnold Stang, mais on s'en serai passé, et les deux femmes. Kim Novak est belle et douce mais ne déclenche aucune passion. Quant à Eleanor Parker, c'est une énigme, un personnage de chieuse hystérique (clin d'oeil drélium), dont on ne comprend jamais tout à fait les motivations. En fait, rien ne convainc totalement dans ce film, alors on s'en fout de tout et c'est l'ennui total, avec un peu d'agaçement en prime.