Le film a sur le papier tout pour me plaire : un casting des plus alléchants (pensez donc : Malkovich, Iron, Di Caprio et Depardieu), une fresque épique et historique magistrale (regroupant à la fois la légende des Mousquetaires, le faste du Grand Siècle français et un des mystères historiques les plus fascinants, le Masque de Fer). Puisant son inspiration dans le souffle de Dumas, le film reprend en réalité plusieurs éléments de son roman Le Vicomte de Bragelone. Alléchant donc, très alléchant.


Mais, le cinéma américain dessert le sujet extraordinaire. Il le dessert parce qu'il ne connait pas bien les subtilités de l'histoire française et nous dépeint une société française on ne peut plus caricaturale et de ce fait, on y croit beaucoup moins. Là où Dumas était génial, c'était dans sa crédibilité, malgré un propos totalement inventé. L'ambiance ne tient ici que grâce à la musique et à quelques scènes épiques. Cependant, les codes de ce cinéma hollywoodien, si figés et si précis, ne peuvent suivre le panache de ce récit français, tout en intensité et en mouvement. C'est d'autant plus terrible que l'on touche ici aux symboles de la France : Louis XIV, la Bastille, Versailles, et qu'il faut donc les prendre avec des pincettes.


Restent les acteurs, plutôt bons. J'aime toujours autant voir Malkovich dans la peau d'un grand homme français et puis il y a Depardieu, qui semble jouer son propre rôle : extravagant, bon vivant et désespéré tout à la fois, plutôt touchant. Il y a évidemment les femmes également : Julie Godrèche et Anne Parillaud, dans un casting féminin 100% français. On notera aussi la présence amusante de Hugh Laurie, en conseiller de Louis XIV.


Le film est donc mitigé, car il prend cadre dans une période et une histoire extraordinaire, avec un casting de rêve. Mais, il se heurte à ses automatismes et à son américanisme qui n'utilise finalement que ce contexte fastueux et romantique pour produire un film de cape et d'épées sans réelle profondeur. Quel dommage, car avec une pareille histoire, il y avait de quoi faire un chef-d'oeuvre.

Tom_Ab
5
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste 2015 : une nouvelle année cinématographique (2)

Créée

le 2 sept. 2015

Critique lue 1.7K fois

5 j'aime

Tom_Ab

Écrit par

Critique lue 1.7K fois

5

D'autres avis sur L'Homme au masque de fer

L'Homme au masque de fer
Ugly
6

Les mousquetaires has been et un Leonardo en double

Les Américains adorent se payer nos fioles et prendre des libertés avec notre Histoire de France. Ici, le scénariste de Braveheart passé à la réalisation, s'en donne à coeur joie dans cette version...

Par

le 2 sept. 2016

19 j'aime

2

L'Homme au masque de fer
Dulcis_Victoria
5

Louis XIV est américain

On est d'accord, cette adaptation du roman Le Vicomte de Bragelonne d'Alexandre Dumas n'est pas le moindrement fidèle à son modèle, les anachronismes sont légion, les acteurs ne sont là que grâce à...

le 13 janv. 2012

16 j'aime

2

L'Homme au masque de fer
Toshiba
10

Le roi Lion

Énorme, dès les premiers mots, avant la première image, la voix de Jérémy Irons qui arrive pour annoncer la couleur tel Scar faisant son speech aux hyènes dans The Lion King (j'ai la chanson, même...

le 21 mars 2024

5 j'aime

10

Du même critique

La Passion du Christ
Tom_Ab
8

Le temporel et le spirituel

Le film se veut réaliste. Mais pour un film sur le mysticisme, sur un personnage aussi mythique, mystérieux et divin que Jésus, il y a rapidement un problème. Le réel se heurte à l'indicible. Pour...

le 26 déc. 2013

61 j'aime

4

The Woman King
Tom_Ab
5

Les amazones priment

Le film augurait une promesse, celle de parler enfin de l’histoire africaine, pas celle rêvée du Wakanda, pas celle difficile de sa diaspora, l’histoire avec un grand H où des stars afro-américaines...

le 7 juil. 2023

52 j'aime

5

Silvio et les autres
Tom_Ab
7

Vanité des vanités

Paolo Sorrentino est influencé par deux philosophies artistiques en apparence contradictoires : la comedia dell'arte d'une part, avec des personnages clownesques, bouffons, des situations loufoques,...

le 31 oct. 2018

29 j'aime

4