- Lorsque je tue, c'est sur la demande express de mon gouvernement. Et ceux que j'exécute, sont eux-mêmes des assassins.
- Voyons... Voyons monsieur Bond, vous me décevez beaucoup. Vous ressentez autant de plaisir à tuer que j'en ressens, alors pourquoi vouloir refuser de l'avouer ?
- J'avoue que vous tuez me ferait plaisir.
- C'est dès qu'on a fait connaissance qu'il fallait le faire. Mais il est vrai que les Anglais considèrent qu'il n'est pas correct de tuer de sang-froid, c'est ça ?
- Je me ferais violence.
- J'aurais pu vous descendre à l'atterrissage, mais ce carton facile aurait été grotesque. - Voyez-vous monsieur Bond, je suis comme tout grand artiste. Obsédé à l'idée de créer une véritable pièce de musée. Je veux prouver mon talent au monde. Le duel à mort avec double 07. Mano à mano ! Face à face ! Voilà mon chef-d'œuvre !
Un duel, une bataille de titans. Mon pistolet d'or contre votre Walter PPK. Un combat avec armes égales et chances égales.
Guy Hamilton après Goldfinger, Les diamants sont éternels et Vivre et laisser mourir, revient une ultime fois à la réalisation de ce neuvième opus de la série James Bond : « L'homme au pistolet d'or ». Une deuxième mission pour le comédien Roger Moore dans le rôle de l'agent 007. Pour ce nouveau périple, Bond est temporairement relevé de ses fonctions d'agent secret par le MI6, suite à l'envoi d'une balle dorée avec le numéro 007 gravé dessus ainsi qu'une note paraphée d'un «S», qui n'est autre que la signature du plus renommé et mystérieux tueur à gages du milieu : " Scaramanga ", alias, " l'homme au pistolet d'or ". Un périple qui conduira Bond sur les traces de l'assassin pour un face à face percutant entre le Walter PPK de l'agent britannique et le pistolet d'or de Scaramanga.
Un récit " solide " : dans la prémisse du duel vendu jusqu'à sa conclusion; " fragile " : dans son intrigue annexe qui scinde inutilement son histoire en deux. En parallèle, Bond est à la recherche d'un artefact technologique révolutionnaire à la base d'une nouvelle énergie solaire nommée l'Agitateur Sol-X, dont on se moque royalement tout du long vu qu'il ne représente aucun enjeu de survie. Survient alors la " révélation " finale autour de cet objet capable de concentrer les rayons solaires que Scaramanga a détournés dans le but d'en faire une arme capable de libérer une immense énergie destructrice. Une terrible menace qui deviendra alors le nouvel enjeu de ce film, qui jusque-là ne reposait que sur l'attente du duel Bond-Scaramanga, et qui sera réglé aussitôt le véritable danger exposé. En somme, une péripétie. L'objectif principal du scénario étant articulé autour d'une confrontation éponyme entre deux hommes à partir d'un contrat lancé sur la tête de Bond : lorsque finalement on apprend que c'est un faux et que Scaramanga n'a jamais eu l'intention de tuer 007, le récit se vide complètement de son enjeu et de sa tension. Arrive le fameux Agitateur Sol-X pour combler cette lacune. Du remplissage, beaucoup de remplissage avec un antagoniste secondaire dont on se fout royalement : un riche industriel nommé Hai Fat (Richard Loo), pour un récit qui au vu de son affiche aurait totalement pu se suffire à lui-même. Le contexte de la crise énergétique de 1973 n'est certainement pas hasardeux dans ce choix, seulement il est mal exploité.
Le film contient des scènes d'action spectaculaires, à commencer par l'excellente confrontation finale entre Bond et Scaramanga autour d'un jeu de la mort édifiant. Une impressionnante course poursuite à voiture vient également se joindre à l'aventure, durant laquelle Bond se lance à vive allure au volant d'une AMC contre Scaramanga qui retient prisonnier l'empoté Mary Bonne-Nuit (Britt Ekland). Une poursuite haletante AMC Matador vs AMC Hornet, contrastée par le retour du shérif Pepper (Clifton James), apparut dans Vivre et laisser mourir, et qui est ici en vacances. Un personnage balourd et idiot servant de comic relief inutile, mais qui passe bien mieux pour cette seconde apparition. On notera un choix de bruitages très douteux pour cette séquence autour d'une impressionnante pirouette retournée depuis une rampe de projection sur laquelle s'invite un bruitage comique totalement bidon et crétin venant faire retomber la tension. Heureusement, la scène se conclura sur les chapeaux de roues avec l'automobile de Scaramanga qui se retrouve doté d'ailes d'avion pour s'élancer et s'envoler : offrant un moment très appréciable. Bond se retrouve prisonnier dans une école de kung-fu, dans laquelle il doit affronter les disciples du maître dans des confrontations où s'entremêlent intensité et idiotie. Jusqu'à ce que les jeunes nièces du lieutenant Hip (Soon Tek Oh) n'arrivent pour tirer Bond de ce mauvais pas. Niveau chorégraphie, on ne va pas se mentir ce n'était pas terrible, au mieux ringard. Même constat avec la confrontation finale dans le bateau entre Tric-Trac (Hervé Ville-Chaize) et Bond qui sérieusement n'est juste qu'une vaste blague grotesque venant dédramatiser et amoindrir l'impact laissé juste avant par la confrontation entre 007 et Scaramanga. C'est là tout le problème de cette œuvre, une instabilité constante autour d'un humour idiot qui prend trop de place, j'en veux pour preuve avec la catastrophique Mary Bonne-Nuit qui involontairement menace de tout faire exploser et de tuer Bond en activant le rayon solaire avec ses fesses !
- Mlle Bonne-Nuit.
- James...
- N'êtes-vous pas trop habillé Bonne-Nuit ?
- J'aime une femme en bikini. Elle ne dissimule pas d'armes.
Niveau réalisation ce n'est pas trop mal avec une flopée de décors exotiques dans lesquels en plus de Londres, on découvre Hong Kong, Bangkok, Macao, jusqu'aux belles îles au large de la Thaïlande. Îles qui pour l'une d'elles, sert de repaire secret à l'antagoniste principal. Une bonne antre maléfique ! Pour ce qui est du repaire du MI6, à l'intérieur de l'épave du Queen Elizabeth, un navire échoué où tout est de travers à l'intérieur, la création est autant originale qu'appréciable. La mise en scène offre des bons moments avec quelques idées de réalisation bienvenues. L'élaboration technique autour du terrain du jeu de la mort de Scaramanga est superbement orchestré. Pas très emballé par la composition musicale et la chanson de Lulu Kennedy-Cairns. Un thème pop dynamique mouvementé par des notes percutantes offrant un rythme musical décent, mais qui colle difficilement aux différentes images proposées. La séquence générique manque de substances et d'identités autour d'une séquence plutôt banale.
Côté distribution je suis très partagé entre un des meilleurs antagonistes de la licence Bond, mais aussi l'une des pires James Bond girl de la saga. Niveau James Bond girl, on est très mal servie ! Mary Bonne-Nuit incarnée par Britt Ekland est un personnage insupportable. Comme le veut l'expression : une blonde ! Pas n'importe quelle blonde, la blondasse platine à deux de neurones qui enchaîne catastrophe sur catastrophe avec des répliques qui ne l'aident pas du tout à paraître plus intelligente. C'est littéralement à cause de ses gaffes naturelles que tout est détruit à la fin. Fallait le faire ! Maud Adams pour Andrea Anders la maîtresse de Scaramanga, s'en sort mieux en apportant un petit côté mystérieux qui de manière regrettable s'achèvera rapidement avec sa mort, pour devenir oubliable. Oubliable comme Richard Loo dans le rôle insignifiant de Hai Fat qui ne laissera aucune trace dans la mémoire des antagonistes Bondien. En parlant d'antagoniste, Hervé Ville-Chaize en tant que Tric-Trac, majordome, bras droit et ami de Scaramanga est formidable. Un personnage très intéressant de par le relationnel qui l'unit à son boss. Il est juste regrettable que l'idiotie du récit n'ait pas pue s'empêcher d'humilier ce personnage lors de son affrontement contre Bond. Le casting de soutien est toujours là, fidèle au poste avec Desmond Wilkinson Llewelyn dans le rôle de Q. Bernard Lee dans celui de M. Lois Maxwell pour Miss Moneypenny.
Francisco Scaramanga alias l'homme au pistolet d'or, incarné par le génial Christopher Lee est la pièce moteur de cette œuvre. Un grand méchant qui aurait mérité un film bien moins artificiel. Tout du long il ne cesse de surprendre par ses nombreuses mimiques, ses discours salvateurs, ainsi que sa conception si particulière pour la vie et la mort. Scaramanga pratique l'art de la mort comme personne, s'offrant un véritable jeu de tirs grandeur nature avec son arène labyrinthique. Lors de la scène d'introduction, on le voit prendre son pied en mettant sa vie en jeu contre un gangster engagé par Tric-Trac à sa demande, pour le tuer. S'ajoutant de nombreux handicaps afin de rendre la difficulté plus intense, comme le fait qu'il ne peut tirer qu'une balle à la fois avec son fameux pistolet en or. Un calibre 4,2 mm entièrement en or, avec des balles en or pur, élaboré à partir d'un stylo et d'une boîte de cigarettes. À noter qu'il possède un étrange attribut symbolisé par un troisième mamelon. Je n'arrive pas à savoir si c'est fait dans un esprit de second degré ou non. Roger Moore sous les traits de James Bond adopte avec ce long-métrage pleinement un ton second degré. Une mouvance faisant la particularité de celui-ci et avec laquelle j'ai quelques fois du mal. Le charisme et le charme qu'il incarne en font un 007 convaincant que l'on aimerait voir un brin plus sévère de temps à autre. Roger Moore offrira une belle dualité à Christopher Lee, autant sur le plan action lors d'une confrontation ultime à la hauteur, que dramatique avec un échange de dialogues très intéressant entre les deux hommes, notamment durant la fameuse scène du repas.
CONCLUSION :
L'homme au pistolet d'or en tant que quatrième et dernier film réalisé par Guy Hamilton pour la franchise James Bond, est un film branlant avec des qualités et des défauts. Un scénario scindé en deux intrigues entre un duel épique à venir et un enjeu climatique désuet autour d'une approche comique persistante venant nuire aux nombreuses tentatives de tensions, si bien que l'on n'est jamais inquiet. Christopher Lee en tant que Francisco Scaramanga alias l'homme au pistolet d'or, mérite à lui seul qu'on regarde ce film.
Un film d'espionnage de comédie d'action pleinement assumé qui colle difficilement avec ce qui fut déjà fait dans les films précédents pour un résultat mineur et mitigé !
Je n'ai jamais encore tué de nain mais il y a un début à tout !