« Jouissons du moment, et du moment qui suit » James Bond deviendrait-il situationniste ? Blague à part, ce Bond-là est au contraire de L'espion qui m'aimait moins intellectuel, plus généreusement divertissant, mais de facture non moins bonne, bien au contraire. Histoire d'un homme au pistolet d'or à un coup, le très fair-play Scaramanga (Christopher Lee, connu pour ses rôles innombrables et inégaux de Dracula, ou plus récemment de Compte Dooku dans Star Wars 2 & 3 ou de Saroumane dans Le Seigneur des anneaux : Les deux tours qui provoque en duel le « fameux gaillard » 007.
Sans doute l'opus avec le plus d'humour aussi. « On tire les coups qu'on peut » déclare Bond à son formidable adversaire. Ou quand la complice Bonne-Nuit (Britt Eckland) est mise au placard alors qu'arrive Andrea Anders (Maud Adams, qu'on retrouvera dans Octopussy). Quel goujat, ce Bond ! Comme quand il se fait sauver la mise à Bangkok par le petit vendeur d'éléphant dont il se débarrasse si inélégamment, ou qu'il met en cage Tric-Trac (Hervé Villechaize) sur le grand-mât de la jonque... Sans parler du policier louisianais J.W. Pepper (Clifton James) comiquement raciste de Vivre et laisser mourir. C'était une bonne idée faire un film léger en Asie du Sud-Est alors que la guerre du Viêt-Nam faisait rage.
Les cascades et les poursuites sont aussi au rendez-vous, et l'exotisme est garanti à Beyrouth et surtout à Macao, Hong Kong, Bangkok et dans la fameuse île de Scaramanga. En plus, ce dernier est un pionnier de l'énergie renouvelable, se faisant sa « place au soleil ».
Les puristes n'apprécient en général pas cet épisode qu'ils trouvent trop désobligeants dans sa désinvolture, mais il est tout plein de moments de bravoure. Les personnages ont de la classe, « l'imagination [y est] au pouvoir » et c'est un summum de comédie bondienne qui met de bonne humeur. Que demande le peuple ?