Certains films de James Bond donnent l’impression de n’avoir comme finalité que de faire perdurer la franchise 007 à tout prix. L’homme au pistolet d’or est dans ce cas, mais la cause de son relatif manque de rythme serait à chercher paraît-il du côté de la mésentente entre les deux producteurs Saltzman et Broccoli plutôt que du côté du metteur en scène Guy Hamilton.
L’homme au pistolet d’or s’écarte des James Bond habituels du fait que le personnage principal n’est plus James Bond (Roger Moore) mais le méchant tueur Francisco Scaramanga (Christopher Lee), le fameux homme au pistolet d’or.
Le facétieux Roger Moore n’est pas en question, c’est plutôt le scénario qui favorise le personnage de Scaramanga au détriment de la séduction habituelle du personnage de 007 qui ici se comporte plutôt comme un touriste.
Je vais donc parler des décors filmés en Thaïlande et notamment la magnifique baie de Phang Nga, dans la mer d'Andaman et son rocher en forme de champignon. On a d’ailleurs l’impression que toutes les cartes postales sur la Thaïlande ont été réunies : les paysages, les bateaux, les danses locales et même les sports de combat, avec la nuance que l’on nous montre du karaté et du sumo au lieu du sport local la boxe thaï. A Hong-Kong l’épave du paquebot Queen Elizabeth ayant pris feu un an avant est habilement recyclée en base secrète du MI6 avec des planchers droits construits sur des cloisons penchées.
Calme, sûr de lui, séducteur, Scaramanga sort de l’image habituelle du méchant. Scaramanga ne veut pas devenir le maître du monde, il veut simplement jouer, comme à la récré, à celui qui tirera le plus vite, sans penser qu’en face l’adversaire meurt pour de vrai. A l’opposé James Bond, parfois brutal, est un touriste méprisant jetant à l’eau un éléphant que lui propose un gamin, un drôle de séducteur capable de faire l'amour à une femme en laissant sa précédente petite amie enfermée dans un placard durant toute la nuit.
Scaramanga étant le rôle principal, c’est lui qui a les meilleurs gadgets, à commencer par le briquet démontable qui peut se transformer en pistolet d’or. Il a également conçu dans son domaine un labyrinthe dans une pièce avec des trompe-l’œil qui reproduisent le décor à la fois d’un train-fantôme et d’un palais des glaces. Le gadget le plus étonnant serait la voiture qui peut se transformer en avion, si ce n’avait été déjà vu dans Belphégor.
Pour le reste de la distribution Scaramanga fait équipe avec Tric-Trac, un nain interprété par l’acteur français Hervé Villechaize mais son rôle est assez bâclé. Bâclés aussi les personnages de Moneypenny et du shérif J.W. Pepper (Clifton James) qui n’apportent rien. Les personnages féminins interprétés par Maud Adams et surtout Britt Ekland en bikini sont uniquement là pour leur plastique.
L’objet convoité, le Mac Guffin, change des micro-films habituels, c’est l'Agitateur Sol-X qui permet de convertir l’énergie solaire avec un rendement de 90 %. Les recherches actuelles sur l’énergie solaire rendent le prétexte du film moins démodé que certains autres James Bond même si on reste dans la science-fiction.
Les meilleures cellules photovoltaïques actuelles, à base de cristaux de silicium monocristallin ont un rendement de 20 % maximum, l’Agitateur Sol-X reste à inventer!
A part ça la cascade en AMC Hornet est cool, ce 360° sur un pont cassé est une des plus belles cascades jamais réalisées sur un James Bond, avec la voiture US la moins chère du marché en plus.
En conclusion ce James Bond serait un bon film s’il ne manquait pas de rythme par moments. Et au contraire de ce que disait Hitchcock pour qui il fallait pour faire un bon film que le méchant soit réussi, ce méchant-là est tellement réussi qu’il fait de l’ombre au reste du film.