Ce Bond est souvent critiqué, et même trainé dans la boue par ceux qui disent que son réalisateur n'a fait qu'exécuter une besogne commerciale, je trouve ça injuste, moi je l'aime bien ce Bond, même s'il est très sexiste, un peu raciste et très ancré dans une vision encore insouciante des seventies. Second Bond de Roger Moore qui s'était rôdé avec le sympathique Vivre et laisser mourir déjà de Guy Hamilton, qui avait aussi réalisé le dernier Bond de Sean Connery en 1971, les Diamants sont éternels, je trouve qu'il y est bon parce qu'il est encore jeune, même si quelques tics de lui m'agacent toujours, et même si sa décontraction semble parfois un peu rigide. Son sexisme envers les 2 femmes de cet opus, Miss Goodnight et Andrea (la petite amie du méchant) est certainement le pire qu'on ait pu voir dans la franchise, Bond dépasse les bornes, mais dans l'ensemble, il s'en sort bien.
A la base, le roman de Fleming est sans doute l'un de ses plus cruels, il a été considérablement édulcoré pour un public formaté et international, on y voit donc un melting-pot de divers ingrédients destinés à plaire à tous les publics : racisme discret à l'égard des Asiatiques, violence soft, caricature d'un sheriff américain égaré à Bangkok, humour coquin, démonstrations d'arts martiaux, exotisme touristique, gadgets ahurissants comme le fameux pistolet de Scaramanga ou sa voiture-avion (pour une fois c'est pas Bond le mieux fourni dans ce domaine), références à la crise de l'énergie des années 70, et comme je le disais, phallocratie appuyée, même de la part du méchant.
La très bonne surprise, c'est de retrouver Christopher Lee dans le rôle de Francisco Scaramanga, un tueur à gages aux cachets démesurés et qui affectionne les balles en or, bref un méchant aux idées folles comme la plupart vus dans cette saga, mais un ennemi de valeur pour Bond. Les prises de vues de son repaire tournées dans l'archipel de Puckhet en Thaïlande sont superbes, et parmi les scènes d'action, on apprécie la poursuite sur les canaux de Bangkok, puis en voiture où Bond retrouve le sheriff J.W. Pepper vu dans Vivre et laisser mourir, et joué par le rigolo Clifton James ; c'est en sa compagnie que Bond exécute une des plus folles cascades de la franchise : un saut en retourné sur un pont cassé, une cascade auto bien réelle parfaitement réussie avec une auto assez banale, grâce à une rampe de lancement incurvée habilement dissimulée et un excellent cascadeur.
Etait-il utile d'après certains puristes, de reprendre ce personnage du sheriff ? bah je ne rentrerai pas dans ce genre de polémique, je trouve cette séquence drôle et elle ne me dérange pas. L'autre intérêt est le personnage facétieux du domestique Tric-Trac de Scaramanga joué par le nain Hervé Villechaize, un Français installé à Hollywood et que l'on retrouvera dans la série L'île fantastique auprès de Ricardo Montalban en 1978.
Enfin, je garde une petite préférence pour la chanson de générique "The Man with the golden gun" interprétée par Lulu, de la pop sirupeuse anglaise typique des seventies. Bon quand on y regarde bien, à part 2 ou 3 trucs, il est pas si mal ce Bond.