Voir réunis Hideko Takamine et Toshirô Mifune est un régal sans égal pour un amoureux transi du cinéma japonais classique. Qui plus est dans L'homme au pousse-pousse de Hiroshi Inagaki, remake de son film des années 40, en couleurs, cette fois. Une splendeur d'une fluidité absolue dans une veine romanesque qui débute sur le mode de la comédie et se termine dans les larmes, avec plusieurs scènes d'anthologie au programme (la bagarre au théâtre, la démonstration au tambour). L'histoire est celle d'un amour impossible, pour des raisons de hiérarchie sociale, entre un va-nu-pieds au cœur d'or et la veuve d'un militaire, qui élève seule son enfant. Les non-dits illuminent ce film qui ne cède jamais à une quelconque mièvrerie. Cinéaste prolifique (pas moins de 25 longs-métrages dans les années 50), Hiroshi Inagaki paie sans doute cette abondance de biens pour pouvoir accéder à une plus grande notoriété, lui qui a pourtant obtenu un Oscar du meilleur film en langue étrangère et un Lion d'or à Venise, ce dernier pour L'homme au pousse-pousse, justement.