Je ne sais pas pourquoi mais j'ai ressenti un léger malaise pendant toute la durée de "L'Homme aux colts d'or" aka Warlock, comme si Edward Dmytryk n'était pas tout à fait à l'aise avec le genre, le western, et avec les acteurs sous sa direction. Ce n'est ni un western classique au sens strict, ni un western atypique de la suite parmi les innombrables sous-genres qui en dériveront : c'est un entre-deux un peu bancal. On est loin de "The Young Lions" ou "Crossfire", et sans doute que sa récente implication à l'époque auprès de la HUAC maccarthyste n'a pas aidé.
Ce qu'on ne pourra pas nier, c'est la présence d'une poignée de personnages dont l'écriture est agréablement riche, loin des stéréotypes qui avaient court encore à l'époque à la fin des années 50. Tout est en réalité déterminé par le trio de têtes connues, Henry Fonda, Richard Widmark, et Anthony Quinn. Fonda, un tueur spécialisé dans le nettoyage de villes mal famées auquel font appel les habitants du bled éponyme et qui ne tardera pas à se montrer moins providentiel que prévu ; Quinn, son bras droit peu apprécié de la population local qui développera tout au long du film une sorte de complexe homosexuel vis-à-vis de son pote, il boîte mais en plus il y a comme un interdit aussi fort que non-formulé qui l'empêche d'être aussi proche qu'il le souhaiterait de son acolyte ; et Widmark, un ancien membre du gang qui terrorise les locaux, candidat improbable au poste de shérif... Bon, on sent bien que tout ça ne tourne pas rond et que c'est un vrai nid de vipères qui ne demandera qu'à exploser le moment venu.
Malheureusement, la bande des méchants dirigée par Abe est très peu convaincante, bien qu'à l'origine de tous les inimitiés, pétrie de clichés et alourdissant tous les dilemmes du film. Le rythme en pâtit beaucoup. De l'autre côté, j'ai trouvé fonda en manque de charisme pour supporter le poids des colts éponymes de la version française, alors qu'il est le réceptacle d'une confiance et d'un pouvoir conféré par la population censé être la source de nombreuses contradictions intéressantes. Les femmes n'ont que très peu de place, comme d'habitude dans le genre (Dorothy Malone est un portrait à peine esquissé). Et au final le questionnement sur la stratégie à adopter face à des tueurs sans foi ni loi, utiliser les mêmes méthodes ou rester dans le cadre de la loi, offre une réflexion somme toute assez limitée.