Dans leur précédent film, L'artiste, Gastón Duprat et Mariano Cohn avaient fait preuve d’imagination dans la composition de leurs cadres. Dès lors, le synopsis de L’homme d’à côté suscite la curiosité en dévoilant que le film a été tourné dans l'unique construction dessinée par Le Corbusier en Amérique du Sud.
La réalisation stylisée du film convient bien aux lignes épurées offertes par les intérieurs filmés. Malheureusement, les cadres proposés, classiques, déçoivent. Nous pouvons aussi regretter que la visite de la maison Curutchet ne soit que très partielle. Nous imaginons aisément que les réalisateurs n'ont pas été autorisés à filmer toutes les pièces composant cette propriété privée.
Dans cette comédie noire empruntant au thriller dans son épilogue, les deux réalisateurs argentins mettent face-à-face deux voisins que tout oppose : classe sociale, tempérament, comportements, culture, etc. Sans surprise, cette opposition va déboucher sur des relations de voisinage complexes. Le conflit réaliste entre les deux hommes, monté en épingle au fur et à mesure du déroulement du film, est prétexte à brosser le portrait acerbe et sarcastique des relations entre individus de classe sociale différente.
Dans le rôle-titre, celui d’un voisin parfois sympathique souvent inquiétant, Daniel Araoz est à créditer d’une interprétation dont il faut louer la qualité. Si le scénario et le casting du film donnent satisfaction, sa facture formelle maîtrisée mais trop classique nous a laissé sur notre faim.