Il est difficile d’apprécier la valeur de Człowiek z żelaza sans tenir compte de deux éléments tout à la fois extérieurs et déterminants : il y a d’une part le statut de suite, puisqu’au « marbre » succède le « fer », au père le fils, et que les partis pris de mise en scène consistant à brouiller les cartes entre fiction et réalité étaient déjà présents dans Człowiek z marmuru réalisé en 1977. Il y a, d’autre part, la situation politique de la Pologne au moment du tournage, au cœur de laquelle se situe la caméra d’Andrzej Wajda puisqu’elle investit les chantiers navals de Gdańsk, haut lieu de la contestation ouvrière. L’esthétique de l’urgence, si elle occasionne quelques scènes saisissantes, se heurte cependant ici aux redondances et aux longueurs qui, au lieu de servir la cause défendue, tendent à la rendre opaque. La confusion politique a toujours occupé le cinéaste, dont l’exemple le plus frappant serait certainement Les Possédés (1988) : il livre le second volet, épuisant et épuisé, d’une fresque monumentale qui a l’intelligence et la justesse de constamment rester à hauteur d’hommes et de femmes. Le dialogue continue d’occuper une place essentielle, compose de très beaux portraits où l’émotion point derrière les cris ou la dureté affichée. Un film coup-de-poing aussi brouillon que stimulant.