Second des 7 westerns de Budd Boetticher avec sa vedette Randolph Scott, on y retrouve l'écriture efficace de Burt Kennedy d'après une nouvelle d'Elmore Leonard qui a aussi versé dans les récits du Far West et pas que dans le genre policier. C'est magistral, c'est purement et simplement un petit chef-d'oeuvre de la série B, où Boetticher avec son talent qui n'appartient qu'à lui, brosse en quelques plans des scènes où la psychologie est suffisamment fouillée pour qu'on s'intéresse aux personnages, y compris les plus vils : des bandits qui sont capables de tuer froidement un père et son jeune garçon dans un relais de diligence, puis de les balancer dans le puits. Cette scène est seulement suggérée mais en 1957, je trouve que c'était d'une rare violence.
Autre élément inhabituel : le personnage féminin plus âgé tenu par Maureen O'Sullivan ; elle n'a plus l'allure glamour de la Jane des Tarzan qu'elle tourna dans les années 30 avec Johnny Weissmuller, encore que là, elle est peut-être maquillée pour paraitre avec un physique peu attractif, en tout cas, ça change des blondes sexy comme Virginia Mayo ou Karen Steele qui étaient dans les autres westerns avec Randolph Scott.
Le film débute comme d'autres westerns de Boetticher, avec un long plan après le générique où l'on voit arriver tranquillement Randy sur son cheval au milieu de gros rochers. Ce décor de rochers sera d'ailleurs utilisé dans quelques-uns des 7 westerns en question, et ici, une grande partie de l'intrigue s'y déroule, puisqu'il s'agit d'une sorte de huis-clos rocailleux à l'ambiance tendue, on y sent en effet une tension latente où l'épaisseur psychologique des personnages est habilement dépeinte par le réalisateur.
La durée courte des westerns de Boetticher empêche les baisses de rythme et favorise la tension, tout comme le traitement vif et nerveux. Boetticher aime brosser de fabuleuses figures de méchants, et ici il oppose Richard Boone à l'imperturbable Randy, assorti d'un reste de casting comprenant des acolytes moins nuancés comme Skip Homeier et Henry Silva. On a même Arthur Hunnicutt, acteur attachant spécialisé dans les figures de petits vieux pittoresques. On sent que Boetticher aime diriger les acteurs de second plan, il contribuera à imposer des gars comme Lee Marvin, Claude Akins ou Richard Boone dont plusieurs deviendront ensuite des acteurs de premier plan dans les années 60.
En moins de 1h20, Boetticher réussit donc un western d'une efficacité redoutable au sein d'un superbe décor naturel bien utilisé (les Alabama Hills près de Lone Pine, Californie), et qui figure parmi ses meilleurs.