Shouts of the past
Si l’on excepte La ruée vers l’Ouest qui ne resta pas vraiment dans les mémoires, on peut considérer L’homme de l’Ouest comme le dernier véritable western dans la carrière d’Anthony Mann, qui se...
le 4 janv. 2018
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Link Jones,un brave homme venu du Middle West,arrive au Texas afin d'y recruter une institutrice pour l'école de son village.Mais le train dans lequel il circule est attaqué par une bande de hors-la-loi et le gars se retrouve bientôt à pied au milieu de la pampa en compagnie d'une chanteuse de saloon sympa et d'un joueur professionnel blessé et geignard.Ils atteignent une maison isolée,hélas il s'agit du repaire des bandits qui ont braqué le train.Et le chef du gang n'est autre que l'oncle de Link,qui fut autrefois son complice zélé avant de le laisser tomber et devenir un citoyen modèle.Le vieux Dock Tobin est ravi de revoir son neveu,pour qui il a toujours eu un faible,et veut l'obliger à dévaliser avec lui la banque de Lassoo,une cité minière aurifère.Link,coincé,accepte le deal en attendant de pouvoir s'extraire de ce guêpier.On le sait,Anthony Mann est un grand spécialiste du western,et ce film n'est pas la moindre de ses contributions au genre.Il met ici en images un scénario de l'excellent Reginald Rose qui adapte "The border jumpers",un roman de Clarence Scott Boyles.L'équipe technique respire la grande classe avec à la direction artistique Hilyard M. Brown,qui a travaillé entre autre sur "Citizen Kane","L'étrange créature du Lac Noir","La nuit du chasseur" ou le "Cléopâtre" de Mankiewicz pour lequel il a obtenu l'Oscar des meilleurs décors.Des décors ici signés par Edward G. Boyle,un cador à la manoeuvre sur "Autant en emporte le vent","Le dictateur","Une étoile est née" version Wellman,"Une nuit à Casablanca","Cyrano de Bergerac","Johnny Guitare","Certains l'aiment chaud" ou "L'affaire Thomas Crown",oscarisé lui aussi avec "La garçonnière".La superbe photo est due à Ernest Haller,le chef-op de "La fureur de vivre" et "Qu'est-il arrivé à Baby Jane?",qui a également eu droit à son Oscar pour "Autant en emporte le vent".Et puis il y a la magnifique musique de Leigh Harline,à qui l'on doit les scores de "Chérie,je me sens rajeunir","La vie est belle","Le port de la drogue","La lance brisée" ou "L'homme aux colts d'or".Difficile de se louper avec une telle dream team,même si on n'est à l'abri de rien.En l'occurrence ce western âpre et violent est une belle réussite.L'imparable sens du plan et du timing de Mann fait merveille et le cinéaste aligne les séquences filmées au cordeau en variant les angles pour utiliser au maximum la largeur d'écran,la profondeur de champ et cette science de la verticalité qui constitue sa spécialité.Tout ceci se déroule dans un Far West aride et désolé qui fait écho à la dureté des personnages.Sur le fond il est question de rédemption,de trahison,des choix cruciaux qu'on doit faire à certains moments,du sens qu'on veut donner à sa vie.C'est la tempête sous le crâne de Link,un gars qui a depuis longtemps renoncé à sa vie de criminel pour devenir un exemple de probité mais qui se trouve dans l'obligation de renouer avec son ancienne vie de meurtrier impitoyable tout en trahissant sa propre famille.Le scénario allie habilement spectacle et psychologisme,avec une propension à la violence physique et morale peu répandue dans le genre à cette époque.On nage dans un univers sans foi ni loi avec des personnages dégénérés proches de ce qu'on verra plus tard dans le spaghetti,avec des échappées sordides comme le strip-tease contraint de la belle Billie ou le déshabillage vengeur de Coaley par Link.Certains trucs,certaines facilités du récit ne fonctionnent guère,comme le fait que l'ex bande du héros s'en prenne précisément au train dans lequel il voyage précisément le jour où il passe par là alors qu'il a déserté la région depuis des décennies,puis qu'il tombe exactement sur la baraque où les outlaws se planquent.Et il y a le coup de la banque,difficile à avaler.Parce que quand même Dock a passé toute sa vie dans le coin,qu'il connait comme sa poche,et il ignorerait que Lassoo est devenue une ville fantôme où les mines ont été fermées et où il n'y a plus rien à voler!Gary Cooper,raide comme la Justice,impose sa présence charismatique en type rude cherchant à expier un passé tourmenté que les évènements vont lui permettre de solder malgré lui.La divine Julie London,actrice et chanteuse de talent,est frémissante à souhait en femme perdue mais courageuse confrontée à un monde très dur.Lee J. Cobb,un des meilleurs méchants du ciné ricain,est encore une fois génial en vieille canaille qui perd la boule,et son rapport amour-haine avec son neveu est fort bien géré.De fantastiques gueules de crapules l'entourent avec Jack Lord,future vedette de la série télé "Hawaï Police d'Etat",en jeune pistolero vicelard et cinglé,John Dehner en cousin de Link pas dupe des intentions de son ex complice,et Royal Dano en muet dangereux.Seul bémol au sein de ce casting de rêve,un Arthur O'Connell qui en fait trop dans un personnage déjà pénible à la base.Notes et critiques de films d'Anthony Mann publiées précédemment:"L'homme de la plaine"-7,"Les affameurs"-5,"La cible vivante"-6.Moyenne:6,5.
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Créée
le 21 mai 2024
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