Lawman

De la satisfaction d'avoir trouvé ce western que j'ai vu il y a très longtemps ; c'est même le premier DVD d'une longue série de films ou westerns de Michael Winner qu'il me reste à trouver avec Charles Bronson ou Burt Lancaster ("Les collines de la terreur", "Scorpio", "the big Sleep", "Chato's Land", etc etc …).

Michael Winner est britannique mais j'ai l'impression qu'il ne se fait connaître du grand public que lorsqu'il débarque à Hollywood dans les années 70 …

"Lawman" est d'une facture classique mais il faut bien avouer que les westerns de Leone et Peckimpah, antérieurs de quelques petites années, ont bien un peu déteint en termes de violence ou d'hémoglobine ou d'utilisation du zoom à tout propos. Un peu, seulement, heureusement …

Ce qui me parait plus intéressant, c'est de tenter la comparaison de ce western avec "le train sifflera trois fois" dont je trouve que les histoires ont des points communs mais d'importantes différences.

Les points communs c'est, par exemple, le personnage d'un shérif placé dans la ville pour mettre fin aux agissements d'une bande (je simplifie volontairement). Ce shérif se trouve complètement isolé face à la ville qui l'accueille avec beaucoup de réticences et qui va se montrer lâche.

Mais, dans le film de Zinnemann, la population, dans sa lâcheté, attend du shérif une protection tandis que dans "Lawman" de Winner, la population, hostile, voit arriver ce shérif comme un problème, comme un chasseur de prime, bref comme un assassin en puissance. Pour ce qui concerne les gens pourchassés (les bandits), le western de Zinnemann est assez manichéen avec des personnages qui restent dans leur rôle. Dans le film de Winner, c'est un peu plus complexe. D'abord, ce ne sont pas des bandits mais des gens d'un important ranch. Les seconds couteaux, qui ne sont que des cow-boys, veulent en découdre, se mesurer au shérif tandis que d'autres veulent se défiler et le patron (Lee J. Cobb) en a marre d'avoir toujours à tout régler à coups de flingues depuis son arrivée dans la région pour bâtir son ranch.

Le personnage du shérif Maddox (Burt Lancaster) est l'homme implacable, obsédé par la loi, cuirassé par la loi. Tout doit s'effacer devant la loi.

Mais, là où on rejoint bien l'esprit du western classique, c'est qu'il y a quand même un défaut à la cuirasse de Burt Lancaster. En effet, il retrouve une ancienne amie qui avait refait sa vie après avoir rompu avec lui. Et cette ancienne amie (Sheree North) va le temps d'une soirée être capable d'instiller le doute dans le personnage de Burt Lancaster et le forcer à réfléchir sur le sens de sa vie. Les femmes westerniennes ne sont plus des potiches ...

Le reste de la distribution n'est pas du tout à dédaigner. Lee J. Cobb endosse le personnage du patron du ranch, maître après Dieu du ranch, de ses hommes et de son bétail, maître de la ville qui vit sous sa férule. Il va tenter de s'opposer à l'intransigeance aveugle de Maddox tout en freinant l'ardeur de ses seconds couteaux.

Autre personnage intéressant, c'est le shérif de la ville, Ryan (Robert Ryan), appointé sur les registres de Lee J. Cobb. C'est une ancienne fine gâchette qui a connu Maddox mais s'est rangé dans un poste pépère de shérif local. Un beau personnage.

Et puis, il y a Robert Duvall, acteur que j'aime beaucoup, dans un petit rôle de cow-boy qui sera blessé par Maddox.

Beau western intelligent, qui pose encore une fois l'éternel débat de du nécessaire équilibre entre la loi et la justice.