L'homme du Kentucky est la première réalisation de Burt Lancaster qui ne fera pas une grande carrière à ce poste (seulement 2 films). Et l'inexpérience se ressent dans la mise en scène statique. Le film ronronnant pendant un certain temps avant de tenter quelques plans plus audacieux, notamment dans un duel intense.
Pour autant, une fois que l'on écarte la mollesse du métrage, je trouve le film assez intéressant avec un angle étonnant pour un film de 1955. Le récit se situe en 1828, aux prémices de la Conquête de l'Ouest. Le Texas sauvage est encore une promesse de liberté totale. Le film est assez critique sur ce que la civilisation a détruit lors de cette épopée et la perte progressive de la connexion avec la nature. Le fils Eli dira de Lancaster qu'il est devenu laid en citadin "gentlemen". On s'éloigne grandement des codes du western également, lorgnant plutôt entre le road movie et film d'aventure bien que le scénario se fige, tout comme ses personnages dans une bourgade du Kentucky.
Certains s'agacent de la naïveté de Elias Wakefield. Un benêt illettré, parfois candide et naïf qui sera moqué de ses pairs. Mais cela s'accorde parfaitement avec le propos du film. Et je trouve d'ailleurs Lancaster courageux de casser son image et de se mettre en scène dans ce rôle. Bref, le film regorge d'originalités malgré son rythme lent et un enfant envahissant il est vrai.
Côté seconds rôles, on est gâté entre le vendeur ambulant au phrasé envoûtant la foule avec John Carradine, une adorable Dianne Foster et le premier rôle au cinéma de Walter Matthau marquant, en méchant pathétique avec pour seul qualité de maîtriser le fouet (excusez du peu).
Suffisamment d'arguments pour passer un bon moment de mon côté pour titiller ma curiosité cinéphile. Mais évidemment, des œuvres bien plus critiques sur la naissance de cette jeune nation et d'une autre envergure ont vu le jour par la suite et efface d'un revers de main ce petit divertissement familial mineur.