Très, très curieux western méconnu réalisé par Burt Lancaster, en 1955. C'est une de ses rares incursions dans la réalisation, peut-être même la seule.


Western indéfinissable : il y a du Davy Crockett, du Jack London, du Walt Disney et même parfois de la comédie musicale !


Déjà l'histoire dont je ne fais que raconter le début (en le simplifiant notablement) est très étrange : un homme, Elias Wakefield, veuf, son fils de 10 ans et un chien fuient le Kentucky pour aller au Texas, une terre promise. Ils fuient une famille, les Fromme, qui ont toujours haï les Wakefield. On n'en saura pas plus sinon que deux frères Fromme, patibulaires mais presque, sont à leurs trousses.
Sur la route, ils rencontrent une femme Hannah qui est servante dans une auberge dont le statut social s'apparente à celui d'une esclave. Elle les sauve et Wakefield rachète la liberté de la femme.
En fait, on se rend vite compte que l'histoire n'a pas tant d'importance.


Ce qui compte, c'est la mise en opposition de deux conceptions de la vie ; d'une part la vie libre au sein de la nature sauvage avec comme activité principale la pêche et la chasse, d'autre part, la vie rangée sans surprise avec un travail, la considération d'autrui, etc


Les personnages sont très stéréotypés, taillés à coup de serpe, presque des symboles.


A commencer par Elias Wakefield (Burt Lancaster) : un personnage très naïf qui entretient auprès de son fils le mythe de la terre promise au Texas puis l'abandonne soit par facilité, soit parce qu'il est plutôt faible soit encore qu'il en assez de sa vie aventureuse...
Contrairement à tout western qui se respecte, Wakefield ne porte pas le chapeau mais un bonnet rouge, ce qui le démarque du héros traditionnel westernien tout en accentuant son aspect bon-enfant.
Son fils de dix ans vénère son père. Etrangement, à 10 ans, c'est lui qui a les pieds sur terre face à son père perdu dans ses rêves ou ses velléités. Il ne cessera de le ramener à l'objectif initial qui est d'aller au Texas.
Hannah (Dianne Foster) est un beau personnage. Elle s'attache à l'enfant qui l'adopte comme mère. Mais c'est aussi "l'ange gardien" du père. Elle aussi a les pieds sur terre. De son statut d'esclave appartenant à un maître, elle voit en Wakefield une chance de se libérer et entrevoit un lointain avenir heureux.
Walther Mathau joue le rôle du patron de la taverne où travaille Hannah. C'est un redoutable salaud dont la grande spécialité est son adresse au fouet. Le duel qui l'opposera à Wakefield complètement désarmé est un modèle du genre.
Les frères Fromme, hiératiques, quasiment muets, attendent leur heure pour tuer Wakefield.


Et puis, il y a les nombreux symboles qui fonctionnent comme des stéréotypes. Comme le bateau et sa sirène qui est l'indispensable moyen d'accéder au Texas pour lequel il faut trouver l'argent du passage ou comme la grosse corne que transporte Wakefield. L'enfant n'a pas encore la force de produire un son. Mais comme dit son père, "tu seras adulte lorsque tu parviendras à souffler dedans".


Je ne sais pas quel était l'objectif de Burt Lancaster entre faire un film onirique ou bien faire un film pour enfants.
Cette indécision me semble être la faiblesse du film. On trouvera vite que le propos est trop simpliste et manichéen dans son opposition entre "vie libre et sans souci au sein de la nature" et "civilisation malveillante" de l'autre côté.


Au final, ce généreux western est très attachant. Les personnages principaux dégagent un charme indéniable auquel on se laisse facilement prendre.

JeanG55
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le 19 juin 2021

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