L'Homme du train par Maqroll
Plus d’une heure de pur bonheur dans ce film de Patrice Leconte, qui pousse là son génie de l’intime au sommet de son art. Jean Rochefort et Johnny Hallyday forment un duo inattendu mais tellement réussi qu’on en reste ébahis. Les deux acteurs, chacun dans son registre diamétralement opposé à celui de l’autre, sont magnifiques d’aisance et de puissance d’évocation. Le propos n’est pas forcément facile à saisir car Leconte adore nous lancer sur de fausses pistes. Il me semble toutefois que le cœur du film réside dans la citation du poème d’Aragon, Sur le Pont Neuf j’ai rencontré, ballade nostalgique et mélancolique que Johnny commence et que Rochefort prolonge avec délice de sa diction unique… Il est évidemment un peu dommage que la fin, certes esthétique et onirique, nuance un peu le plaisir en proposant un montage parallèle des deux « opérations » qui brise le charme et égare le propos. N’empêche, pour tout le reste et notamment pour certaines scènes privilégiées (les pantoufles, la boulangerie, l’entraînement au tir…) qui resteront longtemps dans ma mémoire, je suis ressorti de ce film émerveillé et songeur. Leconte a réussi là un de ses meilleurs essais, qui sera suivi d’un autre, excellent lui aussi (Confidences trop intimes) avant les deux suivants (Les Bronzés 3 et Mon meilleur ami) qui marqueront hélas un net retrait.