A Naples, en 1980, le film suit le destin de deux Tony Pisapia vivants à Naples. L'un est un chanteur type crooner qui va être mis de côté à la suite d'une affaire de mœurs avec une mineure, et l'autre un joueur de foot de la même ville dont la blessure va précipiter sa fin de de carrière et ses envies de devenir entraineur, le laissant symboliquement lui aussi sur le banc de touche. Sans qu'ils ne se connaissent, le destin va leur tracer des voies parallèles.
L'uomo in più est le premier film réalisé par Paolo Sorrentino, et il faudra attendre dix ans de plus pour le découvrir en France, à la suite de la sortie de There must be the place, pour découvrir que déjà, on devait se rendre compte que réalisateur allait compter. On retrouve ainsi Toni Servillo, dans le rôle du chanteur à minettes dont on sent que l'envie n'y est plus vraiment, et qui fait plus âgé qu'il ne le laisse penser, qui tombe carrément dans la déchéance. Quant à l'autre Tony, joué par Andrea Renzi, c'est un homme qui veut y croire, malgré que la direction du club de foot l'envoie bouler à chaque fois sur ses envies de devenir entraineur malgré le fait que, ironie du sort, il a développé une tactique de jeu qui lui sera reprise sans remerciements.
Disons-le tout de suite, j'ai beaucoup aimé ces débuts, où on sent déjà un talent sûr dans la mise en scène, à l'image du plan-séquence dans la boite de nuit, antre de la décadence telle qu'elle est vue par Sorrentino, mais surtout, c'est le talent à montrer ces deux hommes sans aucun misérabilisme, l'un qui s'enfonce dans la déprime et l'autre qui veut encore y croire jusqu'à franchir la ligne jaune...
De plus, avec la présence de celui qui sera son acteur fétiche, Sorrentino filme déjà une personne plus âgée qui lui, mais toujours dans la déférence, sans le montrer plus ridicule qu'il ne l'est, jusqu'à une certaine émission type Mireille Dumas où son miroir en quelque sorte va provoquer chez lui le déclic qu'il attendait.
Avec des débuts aussi fracassants, Paolo Sorrentino fut sans nul doute une des grandes découvertes du cinéma des années 2000, et la suite n'a fait que le confirmer, jusqu'à sa plus grande réussite (pour le moment) qui est Silvio et les autres.