Un homard de l'espace est missionné sur Terre pour piquer l'air de la planète et le ramener sur Mars. Et ainsi sauver ses semblables d'une mort incertaine. Mais un couple, un Professeur et un Colonel tenteront de lui barrer la route. Voilà peu ou prou le pitch imaginé et mis en scène par un gamin qui a des rêves de grandeur et qui va présenter son oeuvre à Shelldrake, un producteur de renom. Et ça tombe très bien, les affaires de ce dernier marchent tellement fort que le fisc américain est sur le point de lui tomber dessus. Son comptable lui propose alors de produire un film super pourri, qui ne se vendra pas, et qui permettra au producteur de ne pas se faire plomber par l'IRS. Le petit Horowitz arrive donc à point nommé pour sauver d'un flop la petite affaire de Shelldrake...
A la lecture de ce pitch, et alors que j'étais en quête d'un truc vraiment pas sérieux, cheap, une question me traversait l'esprit: comment diable Tony Curtis et Patrick Mcnee se sont retrouvés embarqués dans ce projet, ce nanar complètement fauché ? Un carnage accompli par des extra-terrestres crustacés caoutchouteux. L'invasion des props amateurs. Une "Lobster Squad". Les deux acteurs chevronnés devaient être dans une sacrée galère pour accepter de cabotiner au milieu d'un tel bazar. Orson Welles aurait d'ailleurs pu figurer au casting lui aussi, s'il n'avait pas passé l'arme à gauche juste avant le début du tournage. Il aura tout juste eu le temps de trouver le titre du film, avant que Stanley Sheff ne passe à la réalisation.
Au programme de ce Lobster Man from Mars, un long métrage super cheap, un film dans le film, sans prétention, parfois drôle (les interventions absurdes d'un détective notamment), souvent raté, mais qui n'essaiera jamais de se faire passer pour ce qu'il n'est pas: un grand film. Du coup la sauce prend pas trop mal, je me suis même surpris à me marrer comme un con devant quelques gags aussi stupides qu'imparables. De la dérision (de l'abnégation ?), c'est tout ce qu'il vous faudra pour passer un moment correct devant cet ovni à prendre au millième degré. Et ce n'est pas le "Aucun homard n'a été blessé durant le tournage. Juste mangés." affiché en fin de pellicule qui me contredira. Ni le casting, totalement raccord avec l'esprit destroy de l'entreprise, ni le morceau déjanté des B-52's qui sert de BO et sobrement intitulé Rock Lobster. Ni la punchline de fin la plus ridicule de l'histoire des punchlines de fin.
On ne meurt pas de rire devant cette invasion de fruits de mer légère, pourtant, s'il n'est pas encore temps qu'Ali m'enterre, force est d'admettre qu'Homard m'a tuer.