L'art suprême de la suggestion
Dernier volet des trois films réalisés par Jacques Tourneur, L'Homme léopard, tout aussi inquiétant que les deux précédents, s'en distingue toutefois par le fait qu'il n'use d'aucun élément irrationnel pour susciter la peur.
Un seul meurtrier certes, mais pour avoir provoqué par leur inconscience, une série d'événements en chaîne, tous les personnages sont coupables.
Toujours cet art maîtrisé de la suggestion avec des images choc, comme ce feuillage au cimetière dont la branche semble ployer sous le poids d'un prédateur, ou encore le visage soudain terrorisé d'une femme qui en pleine nuit se remaquille, ayant cru voir ou entendre son amant.
Une atmosphère d'autant plus angoissante qu'elle ne repose sur aucun trucage, et nous montre l'homme face à des forces qui le dépassent, enfouies au plus profond de lui.
On a pu parler, à propos de ce dernier volet de "poésie de la peur" : cette expression qualifie parfaitement l'art de Jacques Tourneur.