Réalisateur innovant (on lui doit entre autres l'invention du fameux "effet bus"), Tourneur est obsédé par la peur, qu'il met en scène dans bon nombre de ses films, tels que "Vaudou", ou bien encore "La féline".
Quel meilleur motif d'inquiétude qu'un animal sauvage, symbole de la force aveugle (le fait est mentionné par deux fois, par le dompteur de la bête meurtrière, et par un directeur de musée désignant une statuette de jaguar, représentation de la force et de la violence chez une civilisation précolombienne).
En effet, au Nouveau-Mexique, à El Paso précisément, un directeur de spectacles peu scrupuleux et imaginatif, pour pimenter l'exhibition d'une de ses danseuses, imagine confier au soin d'une autre de ses protégées d'amener sur scène une panthère pour égayer un peu les "gogos". Toutefois, effrayée par le bruit et les lumières, la bête s'enfuit. Une série de meurtres sanglants se produit alors ...
Sous ses dehors faussement fantastique, le film plonge profondément dans l'effroi. La peur du noir, de l'inconnu. La première victime, se heurte en effet à un mur sombre infranchissable (magnifique séquence, de la sortie de l'épicerie, au meurtre la clôturant). Ce n'est d'ailleurs pas anodin si la panthère, premier suspect est de la couleur du jais. Les motifs ébènes abondent, Tourneur en joue admirablement. Il a aussi l'art de rendre inquiétant un cimetière, tout d'abord présenté comme un lieu "riant".
Une réussite donc, dont l'esthétique n'a que peu vieillie, et qui se savoure encore avec un grand plaisir.
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