"Why worry? Worry gives you wrinkles."

Ce Walsh semble hésiter entre plusieurs genres, drame familial, comédie musicale et film noir, et le ballet incessant des nombreux personnages (développés à des degrés très différents) contribue à alimenter un flou narratif tenace — quand on bade un peu passivement l'énergie déployée par Ida Lupino pour maintenir la cellule familiale à flot, ce flou n'est pas dérangeant, en revanche il l'est plus dès lors qu'on se sent davantage concerné par les errements d'une scénario pas toujours très rigoureux. En résumé, Lupino chanteuse part de New York en pensant passer des vacances tranquilles avec sa famille à Long Beach, mais au final elle passera l'essentiel de son temps à veiller au grain dans les affaires de ses deux sœurs et de son frère, largement menacées par la présence du requin local Nicky Toresca (Robert Alda pas hyper charismatique) en mafieux bien collant.

Manifestement l'intérêt majeur tient au personnage principal de Lupino, les autres étant assez peu explorés et régulièrement oubliés sur le bord du chemin puis rattrapés quand cela s'avère nécessaire. Une sœur volage et dépeinte comme première crétine, une autre plus sensée mais en proie à des problèmes de couple, et finalement son frère sera lui aussi mis en valeur par l'entremise d'une femme, la sienne, puisqu'elle tombera dans les rets du gangster omniprésent en ces lieux semble-t-il. C'est drôle de voir Lupino osciller entre deux registres, d'un côté elle se montre régulièrement maxi dominatrice (une ou deux séquences de distribution de claques vraiment collector, très persuasives, puis elle clope et picole à foison comme un Bogart) et de l'autre il y a une affaire amoureuse impossible avec un marin de passage abandonné par sa femme mais toujours in love, le mélange est assez curieux.

L'atmosphère noire pas tout à fait bien définie avec son côté jazzy de rigueur ne m'a pas du tout dérangé, et j'ai trouvé que la protagoniste s'insérait bien dans cette incertitude, avec sa détermination franche malgré son dilemme sentimental personnel. Un film maladroit mais intriguant au sein de la filmographie de Walsh.