Tout à fait le genre de film qui pourrait être primé par les Américains, dans la catégorie "meilleur film étranger" par exemple, ou qui sera encensé par les internautes ici, sur "sens crétin"...
En effet, "L'homme qui a vendu sa peau" est frustrant à bien des égards et rappelle finalement au spectateur qu'il est lui aussi un produit destiné à être distribué au public, à l'instar du propos faussement critique qu'il tente de nous délivrer.
Ainsi, le sujet d'origine pourtant prometteur est constamment gâché par une réalisation frileuse qui ne va jamais au bout de ses idées, la mise en scène s'avérant plate et convenue, les dialogues lourds et sans nuances.
C'est toutefois la fin du film qui m'a le plus agacée, la noirceur et le cynisme "supposés" par la scène d'ouverture et par les mésaventures de ce réfugié syrien étant balayés d'un revers de main par une sorte "d'happy end" grotesque, démagogique et mensongère.
Cette fin contredit tellement le propos d'origine que je me demande en réalité si la production n'a pas eu peur d'être poursuivie par des associations de réfugiés pour "atteinte à la dignité", ou autres hypocrisies "droit de l'hommiste" très en vogues dans nos sociétés contemporaines de plus en plus puritaines et judiciarisées.

Ainsi, le personnage principal, qui est pourtant traité comme une marchandise pendant tout le film, sera tout à coup et sans aucune raison ou explication cohérente aidé et considéré par ses "propriétaires", qui étaient jusqu'alors particulièrement froids, désagréables et autoritaires.
Ces derniers l'aideront à sortir de prison, à obtenir un passeport pour rentrer chez lui tranquillement avec l'amour de sa vie (pourtant mariée à un autre...), puis prendront son ADN pour le faire "disparaitre" et le libérer ainsi de son affliction, en montant un "coup" particulièrement improbable à la toute fin du film (je ne vous dis rien pour vous laisser la surprise, ça vaut le coup d’œil...).
Même Monica Bellucci y mettra du sien dans la démagogie mensongère et dégoulinante, en versant une petite larme en gros plan lorsqu'elle visionnera la vidéo de son "ami syrien" (pourtant détestable) abattu par Daesh.
Comme si le spectateur pouvait croire une seule seconde qu'elle s'informait tous les jours de la situation syrienne, en souvenir d'un réfugié qu'elle a exploité comme du bétail mais auquel elle se serait finalement attachée, sans que la réalisation ne le suggère toutefois à aucun moment. C'est lamentable de moralisme et de bien-pensance...
En ce sens l'idée initiale pourtant intéressante, à savoir que les marchandises circulent aujourd'hui plus facilement que les êtres humains, et qu'il est donc possible de transformer un individu en objet (ici en œuvre d'art) pour lui permettre de voyager librement, est malheureusement gâchée par un traitement moralisateur et non-assumé, à la limite de l'insulte envers l'intelligence du spectateur (la fin, mon dieu, je n'arrive pas en m'en remettre...).
Bref, un film qui aurait pu être correct s'il avait conservé un ton critique et pessimiste en s'écartant du "cahier des charges" imposé par les américains et l'oligarchie mondialiste, cette dernière essayant bien entendu de nous faire croire que l'être humain, malgré ses défauts, est finalement bon par nature et qu'il y aura toujours des âmes charitables et des top modèles italiens pour vous tendre la main quand vous serez en difficulté. Ayez confiance, c'est eux qui vous le demandent...

pivert94
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le 8 avr. 2022

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pivert94

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