C'est en découvrant le travail de l'artiste Wim Delvoye avec son "œuvre" nommée "Tim" au musée du Louvres en 2012, que la réalisatrice eu l'idée de ce film. "Tim" est un tatouage sur le dos d'un volontaire nommé Tim Steiner, qui a comme contrat de l'exhiber un certain nombre de fois par an dans des expositions d'art. Mais en nommant l'œuvre du nom de son porteur, celui-ci fait-il aussi partie de l'œuvre ? Et n'y a-t-il pas un problème de dignité humaine et de droits qui en découle ? C'est tout le propos de cette "œuvre" très controversée du travail de l'artiste subversif.
Mais Kaouther Ben Hania, grâce à la fiction, va pousser la provocation encore un peu plus loin dans son film en utilisant un immigrant syrien dans le rôle de l'œuvre. Et le discours de l'artiste fictif Jeffrey Godefroy (joué par Koen de Bouw) est fort à propos : Une marchandise à moins de problème à circuler dans monde qu'un homme; et c'est bien en devenant une marchandise que Sam Ali va pouvoir fuir son pays.
Après, la raison de cœur de cette fuite reste un peu facile dans le scénario, une raison politique aurait amené surement plus de force à l'histoire, mais peut-être fallait il arrondir les angles pour pouvoir être produit dans un pays comme la Tunisie ?
En tout cas, le film a le mérite de lancer un débat, ce qui est déjà une belle réussite, peu peuvent en dire autant. Même si formellement il reste très académique.