Le titre ronflant du film "L'homme qui défiait l'infini" résume le projet initial de Matt Brown. Son ambition est de faire découvrir et aimer l'Indien Ramanujan, génie des mathématiques. Malheureusement, le réalisateur n'en a pas les moyens. Bien-pensance et mathématiques ne s'accordent guère. Il élabore une hagiographie caricaturale d'un martyr des maths.


Le superhéros est jeune, brillant, exceptionnellement intuitif, doté par le Ciel (et par la production) d'une belle épouse (les équations manquent de glamour). Son seul défaut est l'orgueil, mais ne le compare-t-on pas à Leonhard Euler ou à Isaac Newton ? Dans l'Inde coloniale du début du XXème siècle, les méchants Britanniques n'aident guère SuperRama à publier ses formules arithmétiques sommatoires. Tous les Indiens sont des anges de gentillesse, exceptée la mère du génie, adepte de l'anglaise perfidie. N'est-ce pas le destin idéal d'un martyr incompris ?


Trinity College de Cambridge inspire Matt Brown, qui filme non sans humour les rivalités feutrées de crabes de l'analyse, aux pinces acérées. Mais sa mise-en-scène poussive et sans surprise déprime. Le professeur Hardy protège et dresse Ramanujan, mais dans ce rôle majeur, Jeremy Irons joue aux limites arides de l'ennui. La musique annonce les moments d'émotion, les double lourdement à chaque étape du calvaire du héros.
Au diable ce pathos à cymbales et grosse caisse !


D'autres cinéastes devraient reprendre ce sujet passionnant, mais complexe à réaliser. Comment montrer au cinéma la théorie analytique des nombres ? Ou les séries impropres ? En toutes probabilités, certains réalisateurs feront mieux.

lionelbonhouvrier
4

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le 2 mars 2017

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