Le sublime est dans le renoncement. (attention aux spoilers !)

Robert Redford est décidément un homme étrange , véritable arme de séduction massive dans les années 60-70, il n'a pas toujours choisi la voie la plus facile pour faire les films qui lui convenaient, et on peut dire la même chose en tant que réalisateur.

Ici, c'est le premier de ses films où il joue un rôle, celui d'un homme qui est capable de rééduquer les chevaux, un peu comme un psy équestre, et c'est ce qui va arriver avec une fille et son cheval, traumatisés après un tragique accident.
Ce film est de ceux que je considère comme invisibles à mes yeux, car on m'en a parlé durant des années (sans qu'on me révèle l'histoire), mais je suis toujours passé à côté, n'ayant pas forcément un amour profond pour le cheval (à part le steack).

Là, c'est un film qui m'a complètement cueilli, car c'est très émouvant, et va plus souvent qu'un simple type qui guérirait un cheval.
Non, on peut parler d'un mélodrame sur une histoire parallèle où une relation aussi brève qu'intense va se nouer entre Robert Redford et Kristin Scott Thomas (qui joue la mère de Scarlett Johansson).

Aussi, ça m'a fait penser à des films comme "Le secret de Brockeback Mountain" ou "Sur la route de Madison", où chacun sait que la relation ne peut pas se faire, non pas à cause de l'amour, mais des forces extérieures (ici, le mari de Scott Thomas qui lui demandera posément de faire un choix) qui les empêcheront d'avoir un futur ensemble.
C'est en ça que je dis que "Le sublime est dans le renoncement.", car si Redford et Scott Thomas auraient fini ensemble, la fin n'aurait pas été si forte, et voir le visage de Redford s'enfoncer dans la mélancolie a quelque chose de magnifique.

Outre l'histoire d'amour et la guérison du cheval, il y a un troisième thème, qui est rarement traité par les réalisateurs contemporains ; celui de l'Americana, qui nous fait découvrir un Amérique avec laquelle on se sent en paix, car elle semble très loin de la frénésie New-Yorkaise qu'on voit au début du film, avec des gens vivant simplement, tous fringués avec comme des marlboro, on a l'impression de revivre en arrière, et il faut dire que ça a l'air propre à Robert Redford, qui a l'air d'avoir un œil nostalgique.

Si le film est très bien réalisé, avec de jolis plans d'ensemble sur le Montana, il y a quand même un bémol sur l'esthétisme de la douleur que ressent le cheval lors de sa chute qui n'est pas toujours de bon goût, avec des ralentis bien explicites sur sa douleur et sa patte qui va casser à un moment donné, tout ceci étant accentué par une musique un peu trop explicative.
J'ai également l'impression que le personnage de Chris Cooper (qui joue le frère de Redford) est un peu sacrifié.

En-dehors de cela, outre des acteurs tous excellents (et une Kristin Scott Thomas qui donne envie d'être aimée, car elle y apparait comme lumineuse au contact de Redford), c'est un très beau film, et dont je comprends le succès incroyable qu'il a eu à l'époque.
Quand même, quel étrange parcours que celui de Robert Redford...
Boubakar
8
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le 2 mai 2012

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Boubakar

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