Au début du siècle, dans une région désertifiée à la limite des Alpes et de la Provence, un berger animé de sa seule volonté veut lui redonner vie. Il réussira à faire pousser des milliers d’arbres et à donner espoir aux villageois.
Un déroulement fluide où la solitude, la sérénité et l'opiniâtreté de cet homme nous livre un bel hommage à l'environnement et au courage. Le vent, la sécheresse de ces campagnes isolées entre guerre et adversité sont magnifiés par des dessins souples et ronds, propres à nous faire danser où le trait du croquis brut appuyé s'assouplira pour finir coloré comme une toile de maître. Passant de la netteté du dessin à des effets floutés, le montage donnera aux personnages une plus grande épaisseur. Philippe Noiret, accompagne à merveille les ondulations de ces beaux coups de crayons, par l'intonation sourde et calme de sa voix. Un beau film esthétique aux tons pastels, et qui rejoint après plus de 25 ans l'actualité d'aujourd'hui.
Réalisé par le canadien Frédéric Back, une réussite d'animation pour cette histoire sombre et hors du temps qui finira dans le plus bel optimisme. Pourtant, "L’homme qui plantait des arbres" est une nouvelle pour « aimer à planter des arbres » selon Jean Giono, qui prend à contrepied Dieu, "créateur de toute chose", "qui n'est pas là", et son protagoniste se doit de tout faire "à sa place". Il est pauvre et seul, il n'a pas été gâté par la vie et la nature est intraitable. Mais le thème nous rappelle de façon très poétique, que nous sommes maîtres de nos actions sur la nature. Giono est connu pour n'avoir guère confiance dans l'être humain et aura été visionnaire, car de ce travail de longue haleine qu'il transpose par la volonté de ce berger, il nous signifie également tout l'ironie du sort, l'être humain n'ayant pas vocation à respecter la nature. En ce sens les deux auteurs se rejoignent :
"Chaque chose que l’on pense, que l’on dit, que l’on fait ou que l’on achète a une portée importante dans le temps qui, on l’espère, finira par encourager une sagesse de comportement qui soit favorable au futur de la planète et aux êtres vivants, non seulement humains, mais également à toutes les espèces merveilleuses qui au cours des millions d’années, sont devenues ces chefs d’œuvre vivants qui nous entourent, qui embellissent la Vie." Frédéric Back.
L'Homme qui plantait des arbres a décroché un Oscar du meilleur film d'animation.
Il influencera bon nombre de personnes écologistes ou sensibles au sujet, notamment la biologiste kényane, W. Maathai, qui a été saluée pour son implication dans le reboisement de son pays.