Crises psychotiques et les ravages du cinéma: immersion dans la maladie mentale, Olé ! Olé ! Olé !

Que font des personnes dites normales quand elles rencontrent des gens en pleine crise psychotique?
Un film de Terry Gilliam autant à voir que ses autres beaux films d'immersion dans la maladie mentale.


**Résumé:** un tournage de film a rendu fous ou corrompus des figurants    et acteurs choisis localement. Des années plus tard, le     réalisateur,    devenu riche et célèbre, revient sur les lieux de        tournage et va    tenter de corriger ses turpitudes.  Il découvre        notamment que son    acteur principale n'est jamais sorti de son         rôle. Et il découvre que    par solidarité et amour, ses amis et les     villageois ont tout fait    pour l'aider... 

En amateurs aidants, sans le savoir, ils ont notamment choisi une vraie option thérapeutique choisie par certains vrais professionnels, celle de rentrer dans son jeu et délires pour l'aider à en sortir (une fois atteint la fin d'un scénario, d'un cycle, d'une crise).
Si son acteur principale est devenu fou, son actrice principale , starlette locale et mineure, qu’il a lancée et motivée à jouer est, elle, devenue escort sado-maso soumise à un Weinstein Russe, un porc.
Tout en essayant d’aider l’un à ne plus être fou et le protéger de lui-même en plein délire (comme on le ferait pour un somnambule) le réalisateur se sentant coupable et soudainement chevalier/chevalresque... va tenter d’aider la "pute".
(...mais pas avant d'avoir créé encore plus de chaos lors d'une scène hilarante de Monsieur Catastrophe...Mister Bean... comme s'il n'avait pas créé assez d'ennuis au village des années plus tôt, il revient sur les lieux du 'crime' et cette fois


va mettre le feu à tout ;-)


**"Avis"**: 

Vu sans presque rien en savoir (si! si! c'est possible même si c'est un projet de 25 ans): je le trouve sur le fond aussi généreux, touchant et attentionné que son Fisher King, mais sur la forme il lui arrive d'être aussi pénible parfois que son inoubliable Tideland.
Dans Fisher King, un citoyen 'normal intégré' (Jeff Bridges coupable) tente d'aider un 'taré exclu' en crise psychotique (Robin Williams): ici, dans ce Don Quichotte, un réalisateur tente d'aider et réparer les dégâts qu'il a causés des années plus tôt.
Dans Tideland, on vivait de l'intérieur l'univers d'une enfant et ses rêves éveillés surtout lors de ses jeux avec ses pénibles poupées sans corps.. Et cela pouvait parfois être pénible à suivre comme pour les vrais enfants... c'est pareil dans DQ, on arrive à fatiguer des aventures et délires des fous du film... dont le chapeau change de tête souvent...n'est plus fou celui qu'on suivait et croyait...puis il le redevient...(un vrai casse-tête et rubik's cube visuel)


Ce film est un vrai hommage aux professionnels, amis et familles prenant soin de psychotiques. Ici, l'aidant est un amateur débutant qui, comme moi, a peut-être son brevet de secouriste mais n'est pas allé aux cours des premiers soins à apporter à un malade mental en crise (25% de la population au moins une fois dans leur vie).


C'est donc aussi un film autobiographique sur un réalisateur fou&"foutu" qui    essaye et rêve de refaire son Don Quixote après         s'être fourvoyé dans    la publicité.

Terry Gilliam a lui aussi fait des publicités, notamment pour des pâtes (mais résultant en un bon court-métrage, The Wholly Family) .


Mon idée préférée dans le film est donc celle où on découvre que des 'fous' ont passé leur vie à refaire des scènes du film pour aider leur ami, fou aussi, mais local. Leur ami se prenait pour Don Quichotte alors ils se sont tous déguisés en chevaliers et personnages du livre: on reconnaît notamment des cd coupés en carré parmi leurs décors et costumes tous fait-maisons.


Zero Theorem était aussi prenant mais bancal. Passionnant déjà entre autres sur le monde du travail (les relations entre collègues et entre hommes et femmes).
'L'homme qui tua Don Quichotte' est lui passionnant sur le monde du cinéma et ses faux espoirs et vies perdues et corrompues notamment par des "porcs" notamment "russes":
_récemment Bernardo Bertolucci ne reconnaissait-il pas avoir violé avec Marlon Brando l'actrice du Dernier Tango? Elle ne savait pas ce qui allait se passer durant le tournage.
L'ado 'abandonnée' après le tournage du film jouée par une si crédible Joana Ribeiro fait repenser au sort de la pauvre Maria Schneider.


_récemment Dominique Besnehard lui-même décrivait les dégâts du tournage du film Martin Guerre : faux espoirs, dépressions et vraies vaches mortes dévorant des épingles laissées dans les champs.
En plus de tuer des vaches, Besnehard parle aussi de l'embauche d'un vrai tueur en série pédophile sur le tournage (avec qui, il a d'ailleurs une aventure). Cet acteur a d'ailleurs agressé un enfant sans que la police ne soit jamais impliquée...le pédophile continuera alors des années ses méfaits (Didier Gentil)...


**...alors, le film de Gilliam sur les effets pervers d'un tournage reste bien en    deçà de la réalité en dépit de son délire.**
**Gilliam est une sorte de lanceur d'alerte qui parle les perversions de son milieu.**
Une scène forte d'ailleurs est celle horrible et détonante au milieu du délire, un vrai moment supra réaliste...de soumission et d'humiliation d'une femme au vu de tous ...tous complices! Gilliam prend soin de faire un plan sur une actrice, une femme complice ricanante ...en plus des plans sur tous les gros porcs dans la pièce (sortes de 'DSK' et Weinstein): il rappelle donc que toutes les harcelées ne sont jamais totalement seules avec leur bourreau.

Notre Gilliam a refait un film sur le travail de création et ce combat,cette folie: celle de Don Quichotte.


 Un film aussi sur [la perception][13] et comment nos propres a-priori    influencent ce qu'on voit et pense (aveuglant  la       réalité): 

une autre scène préférée est celle où l'Américain, tentant d'aider le fou dans son délire psychotique, est entrainé dans un camp de SDF...
mais lui ne voit pas des pauvres hères en guenilles sans domicile...
mais réalise qu'il est tombé sur un camp de terroristes musulmans...l'anglais approximatif de son hôte n'aidant pas à changer son impression...Sergi Lopez tentant de le mettre à l'aise et l'accueillir parle d'un hôte devant prendre soins de ses invités mais dit:



_"a host having to take care well of his hostages"
_"si c'est le bon mot" dit-il...
"Non, non, c'est pas le bon mot", répond le pauvre Américain en sueurs qui va se coucher, certain d'être aux mains d'égorgeurs d'Al-Qaïda ;-) ...
Le lendemain, il se rend compte que sa perception était tout aussi erronée que celle de son fou de Don Quichotte: il n'était pas dans une cACHE de DAECH mais juste dans une ferme délabrée cachant des sans papiers gitans et arabes... qui rigolent aux histoires que leur racontent le merveilleux Jonathan Pryce.


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le 22 mai 2018

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