Pour une fois le titre français est bien trouvé et en dit plus sur le sujet du film que l’intitulé anglais. Cette première réalisation de Martin Ritt, venu du théâtre et de la télévision, se veut un réquisitoire contre le racisme et la veulerie en même temps qu'une apologie de l’amitié et du courage. L’exercice est plutôt réussi grâce surtout à l’impeccable prestation de John Cassavetes et Sydney Poitier qui forment un duo attachant fondé sur leurs différences de caractère: le premier sombre et renfermé, cachant de lourds secrets, le second enjoué et optimiste qui entretient une vision résolument positive de la vie. Même s’il ne semble pas toujours savoir où placer sa caméra lors des scènes d’intérieur, le réalisateur fait bon usage des décors toujours très photogéniques des docks et des rues de New-York. Malgré ces indéniables qualités, le film souffre toutefois d’un scénario un peu trop lourdement démonstratif et finalement assez artificiel. Le héros torturé par la culpabilité en quête de rédemption, le noir sympathique, travailleur, bon mari et bien dans sa peau face à un abominable exploiteur raciste et violent: les personnages aussi bien que les situations dans lesquelles ils sont placés auraient gagné à être moins univoques et plus subtilement écrits.