Western + USA = manichéisme et clichés?Pas cette fois.
John Ford à la réalisation, John Wayne, James Stewart et Lee Marvin à l'interprétation.
Voilà déjà de bonnes raisons de s'intéresser à L'Homme qui Tua Liberty Valance.Un western servi par un maître du genre et des acteurs devenus légendaires.
Mais avec ça, on aurait pu craindre aussi un western bas de gamme et hyper classique comme les Etats-Unis en produisaient en masse entre les années 50 et 70 (on était là en 1962), et qui formaient les 3 quarts de la production auxquels je suis assez allergique.
Il n'en est strictement rien.Au contraire, John Ford a décidé, ici, de changer son style de western, ses codes, et ses thèmes.
D'une banale histoire de vengeance, Ford fait en effet une réflexion subtile sur l'importance de la loi et l'ordre par rapport à la nature humaine, ainsi que sur l'importance d'une réputation, méritée ou pas.
A ce titre, la réplique finale, qui figure parmi les plus cultes du cinéma, résume tout.
"Quand la réalité dépasse la légende...On publie la légende."
L'homme devient mythe dans les faits, le flashback de tout le film refait du mythe un homme.
C'est là tout l'enjeu du film, qui déroute avec son ultime flashback, et montre une certaine maturité chez John Ford.
On peut aussi lire, dans l'affrontement Stoddad/Valance, une allégorie de la Conquuête de l'Ouest, quand la civilisation (la loi, Stoddad) s'étend vers l'Ouest, chassant lentement la loi du plus fort (la violence et les hors la loi, Valance).
Juste superbe, du très grand western.
A noter un petit rôle de Lee Van Cleef, avant qu'il ne devienne une star du genre 3 ans plus tard, grâce à Sergio Leone et Et Pour Quelques Dollars de Plus.