Les sept mercenaires, western précédemment visionné de mon cycle westerns, marquait un tournant avant la révolution Leone, celui de la fin du mythe du cow-boy. L'homme qui tua Liberty Valance est là pour définitivement t'expliquer pourquoi le cow-boy est mort.
Tous les archétypes du mythe fondateur de l'état américain sont là :
- le cow-boy old school (éternel John Wayne) : lui, c'est le cow-boy ultime, le far-west mythifié. Il sent bien que les temps changent. Comment va-t-il se comporter ?
- le chevalier blanc (James Stewart), annonciateur de la civilisation, de la loi et l'ordre, de l'éducation, de la démocratie. Aura-t-il le courage et l'envie de le faire dans ce village ?
- le très méchant (Lee Marvin) : pas de doute, il est là pour porter ce rôle, il n'est que méchanceté, cruauté, brutalité. Combien de temps va-t-il continuer à faire le mariole ?
- la belle femme que les héros se diputent (Vera Miles), mais qui a quand même son caractère pour faire comprendre à ces abrutis d'homme que c'est bien elle qui choisit son destin
Et puis toutes ces autres figures :
- les sénateurs qui s'opposent pour maintenir le plus longtemps possible l'ancien monde ou pour faire avancer le nouveau monde, celui où le peuple devrait plus profiter de son dur labeur entre autres
- le journaliste, qui illumine la vérité et le mensonge
- le shérif lâche et incompétent
- les patrons de ranches avides
Plein de scènes font de ce western est un peu plus qu'un western pour, en une histoire (qui se boit sans temps morts par ailleurs), t'expliquer tous les ressorts de la fin d'une période et du début d'une autre :
- la classe lors de laquelle James Stewart apprend à lire à tous les analphabètes du village, de tous les âges, et lors de laquelle tous semblent grisés par cet apprentissage
- l'élection du représentant du comté, que James Stewart, sous la protection bienveillante de John Wayne, va organiser puis, sans surprise, gagner
- le débat électoral entre représentants du peuple où l'on voit, dans un cadre démocratique, les conservateurs et réformateurs se disputer à coups d'éloquence et d'arguments de plus ou moins bonne foi
Et puis, évidemment, les acteurs au diapason de tout ça, et l'un des plus grands réalisateurs du cinéma, John Ford, qui, comme d'habitude, propose une histoire splendidement menée, abritée par une mise en scène majestueuse (mais, peut-être moins expressionniste que ses premiers films...)...
Bref, à ce stade de mon étude, le film à voir, c'est celui-ci.