Bizarre, bizarre comme film. Ce qui est intéressant, c'est de voir Bowie dans ce rôle qui colle bien avec les personnages qu'il a pu créer ; le film s'inscrit donc dans son oeuvre.
Le scénario n'est pas entièrement convaincant. Faut dire que c'est très expérimental au niveau scénique et que l'intrigue est surtout développée au travers d'images, de sensations. Par conséquent, on peut reprocher aux auteurs d'être encore trop narratifs : en effet, il se passe des choses et, pire, il y a une forme de suspense puisque l'identité du héros nous est un peu cachée (disons qu'on n'est pas certain de ce qu'il soit et surtout on ignore ce pour quoi il est là, quel est le but de toute cette manœuvre?). La première moitié comporte assez peu de conflits, la seconde en comporte plus. Les relations entre les personnages deviennent d'ailleurs plus tendues et plus riches, ça devient vraiment intéressant. Du coup on pourrait aussi reprocher au film de n'être pas assez bien ficelé dans le cas d'une narration plus traditionnelle : la dernière demi-heure est très riche mais arrive trop tard et manque surtout d'un développement plus étiré, d'une exploitation plus approfondie des idées présentées.
En l'état, cela reste agréable à suivre, il y a de bonnes scènes, de bons dialogues (l'idée des dialogues en parallèle au film à la fin est intéressante, maladroitement amenée et exploitée mais intéressante), de bons personnages. On s'ennuie un peu durant la première moitié, mais ça reste intriguant.
La mise en scène n'est malheureusement pas tout le temps à la hauteur. Là aussi on distingue deux moitiés : la première agace notamment à cause d'un abus de zoom (plus que dans les bisseries italiennes, c'est dire !) tandis que la seconde regorge de belles idées même si ça reste parfois un peu maladroit. Les scènes de sexe ne sont pas vraiment érotique, la faute à un rythme trop soutenu à une volonté trop appuyée de faire des images symboliques, mais ça reste intéressant à suivre, dans la série de plans, de fondus, etc. on peut trouver quelques petites choses brillantes ici et là.
Le casting fonctionne assez bien. Grâce à l'intrigue, grâce à l'ambiance, grâce à la musique, mais aussi grâce aux costumes, aux accessoires. Là-dessus, il n'y a pas à dire, ils n'ont pas lésiné. Dommage que les lieux ne soient pas mieux exploités (seule 'l'appartement de captivité' a un peu plus de caractère, est mémorable). Bowie est excellent et puis qu'est-ce qu'il était beau quand même, et ça je ne l'aurais pas cru (je me suis toujours contenté de quelques photos qui ne le mettent pas en valeur, mais ici, son visage fin est très agréable à regarder).
Bref, "The man who fell to Earth" est assez intéressant à regarder malgré un scénario qui a le cul entre deux chaises (soit trop narratif, soit trop expérimental) et une mise en scène souvent plus maladroite que brillante (bon, en fait j'ai bien aimé parce que Bowie est à poil mais j'ose pas le dire).