Les films dans lesquels jouait David Bowie faisaient montre de son excentricité, et c'était souvent mis à profit par les réalisateurs.
C'est le cas pour ce film de Nicolas Roeg où le chanteur incarne un extraterrestre qui vient sur Terre pour rapporter de l'eau sur sa planète desséchée. En attendant d'avoir les fonds nécessaires pour créer un véhicule spatial, il va faire profiter la société de son intelligence, et sa fortune va le mener à vivre une existence de plus en plus décousue, avec les femmes notamment, jusqu'à ce qu'on découvre sa réelle nature.
Disons-le franchement, le film est uniquement porté par la prestation magnétique de Bowie, qui a l'air d'être telle une statue de marbre, et en plein errance, sur ce qu'il fait encore sur Terre. On voit que le réalisateur a été fasciné par son sujet, à le filmer sous toutes ses coutures, y compris le plus simple appareil, car un extraterrestre a aussi le droit de faire l'amour ... non ?
Après, il faut mettre en garde sur le fait que c'est parfois abscons, un peu comme un terrain d'expérimentation visuel, où on ne compte plus les plans solarisés ou au ralenti, et une très belle B.O. (mais qui n'est pas de Bowie). Disons que ce n'est pas facilement abordable pour un public nanti.
C'est présenté dans un ton vraiment noir, où les humains sont présentés de la pire façon qu'il soit, jusqu'à ce qu'ils exploitent le pauvre extraterrestre par des expérimentations. D'ailleurs, le reste du casting est composé de Buck Henry, Candy Clark et le très bon Rip Torn. D'ailleurs, on aperçoit ce dernier vieilli dans une scène futuriste, et le maquillage est très réussi car il ressemble trait pour trait à ses 70 ans.
Au final, malgré ses plus de deux heures (j'ai d'ailleurs appris que la version française est coupée de plus de 10 minutes ; dans mon cas, j'ai vu la version originale) où le récit semble lui-même se chercher, il y a quelque chose du portrait dans ce film, en tout cas une image de Bowie qui devait être perçu comme autre.