Une vraie curiosité du cinéma de science-fiction à la limite de la science-fiction, avec un David Bowie à la chevelure (orange fluo) plus étrange et magnétique que jamais. Typiquement seventies.


L'introduction est comme je les aime, elle propulse dans un univers et des codes que l'on comprend seulement peu à peu (à condition de ne pas lire de synopsis avant). Très vite, on apprend que ce Mr Sussex est un extra-terrestre venu sur Terre dans l'espoir d'y trouver de l'eau afin de sauver sa famille restée sur sa planète. Mais tous les fils narratifs (et ils sont nombreux) sont sciemment emmêlés par une narration hallucinée, sans être bordélique ou totalement non-linéaire. Ce qui est amusant, c'est que les flashbacks et les flashforwards ne sont pas annoncés ou contextualisés, on devine que le repère temporel vient de changer subitement aux traits des personnages qui ont brusquement vieilli (sauf Bowie) à grand renfort de silicone, fond de teint et autres colorants. Déroutant ou intrigant voire séduisant, c'est selon.


Le film compte pas mal de curiosités, comme ce regard sur l'alcool et la (les) télévision(s) qui obsèdent tant le héros et altèrent son jugement et sa vision des choses (comme n'importe qui qui regarderait 10 télés en étant bourré en fait), ce qui est d'autant plus drôle que Bowie se droguait comme jamais (10g de coke par jour dit-on, quand même) durant le tournage. Après la satire du magnat de l'industrie des nouvelles technologies, la satire de la société de consommation et de l'American way of life qui gangrènent un être pur et innocent. Par la suite, le film se perd un peu en cours de route et perd de sa puissance évocatrice et captivante, peine à conclure (même si la conclusion est sympa, une fois qu'elle arrive) et c'est bien dommage. Le film aurait bien gagné à être un peu plus concis.


Il ne serait pas étonnant que Jonathan Glazer ait regardé ce film (ou lu le roman à l'origine du film) pendant l'écriture du scénario de son Under the skin, comme l'évoque Olivier Bottin dans sa critique : http://www.senscritique.com/film/L_Homme_qui_venait_d_ailleurs/critique/22805483. Il y a quelques similitudes intéressantes : la peau humaine comme costume pour se fondre dans la masse, les intentions du protagoniste pas clairement établies au début, quoique pas vraiment mauvaises ici. Et le cinéma de Nicolas Roeg toujours aussi singulier, un cinéma de l'étrange maîtrisé, l'étrange savoureux. Trois films vus pour l'instant (Don't Look Now, étrangement horrifique à Venise, et Walkabout, aventures étranges dans l'outback australien), et trois films aux parfums très particuliers, envoûtants, et auxquels il manque un petit je ne sais quoi pour pleinement me combler.


[Avis brut #31]

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le 16 janv. 2016

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Morrinson

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