La dernière fois que l'on avait vu un nouveau film de Coppola sur grand écran, c'était au XXème siècle avec L'idéaliste, il revient dix ans plus tard et plus libre que jamais pour adapter le livre Jeunesse sans jeunesse de l'auteur roumain Mircea Eliade. Il nous fait suivre Dominic, un vieil homme qui rajeunit et accède à un état de "surhomme" après avoir été frappé par la foudre.
En fait, le principal problème de L'homme sans âge, c'est qu'il laisse un gros sentiment d'inachevé. Coppola aborde plusieurs thèmes intéressants tels que les origines du langage, la recherche d'un bonheur/idéal passé, l'éternelle jeunesse, la réincarnation ou encore l'amour à travers les âges mais uniquement en surface et jamais en profondeur, posant beaucoup plus de questions qu'il n'apporte de réponses, tout comme dans les réflexions et la philosophie de son personnage principal. C'est aussi vis-à-vis du scénario que le sentiment d'inachevé se laisse ressentir, que ce soit dans les relations entre les personnages qui sont trop survolées ou l'histoire qui est trop confuse et manque de clarté. Il mêle plusieurs thèmes et genres allant du fantastique au mélo mais semble perdu dans ce mélange qu'il a du mal à mettre en scène.
Pourtant tout commence très bien, Coppola met en place une atmosphère intrigante et mystérieuse, le personnage principal est intéressant et les flashs-back sont bien utilisés, nous permettant de bien découvrir cet homme. Le film ne décolle pourtant jamais totalement et ce début tant intrigant est sans suite et la deuxième partie n'est guère passionnante (voire même ennuyante notamment la partie "réincarnation" mélangé à ses illusions d'amour perdu qu'il retrouve, tombant même par moments dans le grotesque) et ne confirme pas les promesses envisagées durant les premières séquences de l'oeuvre.
C'est dommage car tout n'est pas à jeter, Francis Ford Coppola fait toujours preuve d'une certaine maîtrise derrière la caméra, mettant bien en valeur le contexte (avec quelques belles images) et ses personnages. Bien qu'inachevé, certains thèmes abordés sont plutôt intéressants et notamment celui de la frontière entre le rêve et la réalité, tandis que sa direction d'acteurs est très bonne, en premier lieu avec un excellent Tim Roth, mais c'est bien évidemment insuffisant et c'est dommage, car il y avait vraiment matière à faire bien mieux...
Une déception pour un film si ambitieux mais qui ne tient pas ses promesses et qui manque de maîtrise. Coppola brasse trop de thèmes à travers trop de genres différents qu'il ne parvient pas à approfondir, bien orchestré et en faire ressortir diverses émotions, c'est réellement dommage.