Si la forme des films de Kaurismäki décontenance toujours autant (un mélange inédit de rigidité formelle et d'humour en roue libre, qui rappelle bien sûr à la fois Chaplin et Tati), "l'homme sans passé" est pourtant un film qui réchauffe le cœur sans tomber dans la facilité sentimentale si courante : la fraîcheur du regard de son héros revenu du pire et ouvert à tous les possibles, la présomption de la bonté chez les autres arrivent à ré-enchanter le réel le plus sinistre, et le film célèbre joliment la réalité comme flux aléatoire. [Critique écrite en 2002]