Qui du Singe ou de l'Homme est à blamer dans cette histoire.

Pour reprendre une critique parlant de ce film comme "d'une petite production sympathique mais vite oubliable", j'avoue avoir remis en question ma définition même du sympathique moderne. Le seul point positif qu'on peut généralement tirer des récentes prod type comédie ou blockbusters, qu'elles soient françaises ou nord-américaine, c'est que le mauvais peut se transformer en exutoire où, mis à part les fans et les geeks, personne ne nous juge pour nos attraits à la violence verbale. Ainsi, même quand je déteste un film pourrit et mauvais à la manière du récent BDE, je peux recycler ma douleur pour en faire une critique au bas mot drôle ou divertissante à des fins de produire un progrès dans ma culture ciné et surtout m'auto-divertir (en espérant que cela soit de même pour mes lecteurs). Dans le cadre de l'Homme Singe, cependant, la tâche est plus ardue.

En premier lieu, le vide abyssal de rythme rend le visionnage assez lourd malgré toute ma volonté pour rester concentré. Pas de singeries pour me divertir, pas de grimaces pour rire, ni même de branches techniques pour observer une belle mise en scène ; non, rien qu'une longue et abominable ballade chez un médecin pas crédible, un peu macaque sur les bords, et un homme singe, qui n'est autre qu'un gros monsieur en babygros pas très agile, et dont le trait de caractère du gorille n'est autre qu'une démarche à mis chemin entre un pilier de bar et un bonobo. Le jeu d'acteur est loin d'être fin et élancé comme un capucin et la pseudo-enquête policière sera moins percutante qu'un visionnage d'un reportage sur des chimpanzés se grattant le cul contre un arbre. L'histoire est très souvent un peu flou, on tente par moment de nous mettre en scène une sorte de dilemme moral entre l'homme singe, la vie et le meurtre. En effet, ayant été transformé en homme singe, il est possible pour lui redevenir humain en se voyant injecté du liquide spinal d'un autre être humain ce qui sous-entend donc de le sacrifier. Le sujet est cependant tellement vaguement abordé et rapidement qu'il ne sert strictement à rien et manque de passer inaperçu. On se retrouve donc avec un film lent, mou, aussi poilu de dialogues inutiles que le singe lui-même, et avec, en prime, aucune profondeur ce qui en fait de cette œuvre une production plus que douloureuse.

Le film ne bénéficie même pas du regard léger que l'on peut ressentir des vieux films ce qui permets de nous rappeler plusieurs choses :

le mauvais a toujours existé et existera toujours et Surtout qu'il n'y a pas eu d'âge d'or de la nullité, mais bien une période mise en avant de la médiocrité...

... Évolution des mœurs ? Perte du bon goût ? Ou même société décadente ? Qui sait ... Le divertissement est en tout cas un bon début de débat au même titre que le reportage des chimpanzés qui se grattent le cul sur l'orientation que prend la société du spectacle ( et par chimpanzés je parle bien de nous spectateurs ). Dans les temps anciens, peut-être, suffisait-il d'un gros monsieur tout nu dans une combi moulante pour nous satisfaire et faire rire la population ... force est de constater que la modernité nous a quelque peu retirer cette capacité. Il nous faut du plus gros, du plus impresionnant, du plus débile et parfois même du déja vu, quitte à le reprocher tout en n'en faisant une qualité à la manière du dernier Astérix. Et même s'il était encore possible de rendre l'homme singe hurlant populaire par un meme, la plaisanterie s'arrêtera là et on se retrouvera très vite face à tout sauf un bon film et encore moins un nanar marquant, mais bien au contraire face à une erreur très vite oubliable par miracle. Je m'en veux presque de ne pas l'avoir apprécié, car il avait bon fond, même s'il n'avait ni les moyens ni la capacité et ni le talent pour le mettre en scène. J'en viens à me demander si j'ai récemment vraiment rit sur une récente production... A en devenir nostalgique d'une époque que je n'ai pas connu.

21rems10
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le 7 mars 2023

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