De tous les films de John Ford, L' Homme tranquille est sans aucun doute le plus chaleureux et le plus personnel. En effet, Ford a choisi entre 2 westerns de retrouver son Irlande ancestrale dont il se plait à restituer la joie de vivre, l'humour bagarreur, la générosité et l'inimitable tendresse, ainsi que les coutumes séculaires. A l'aide d'un superbe Technicolor qui met en valeur la chevelure rousse de la radieuse Maureen O'Hara, Ford évoque le petit monde irlandais d'un village paisible avec ses traditions, ses disputes, ses filles rousses, ses solides buveurs de bière stout, ses murets de pierres sèches et ses vertes prairies ; c'est un tableau idyllique mais l'Irlande c'est quand même ça, c'est en tout cas l'idée qu'on s'en fait lorsqu'on n'y est pas allé. On sent que le réalisateur aime cette terre, il réussit une sorte de comédie humaine haute en couleurs dans cette Irlande pittoresque, s'attachant autant à la nature pleine de charme bucolique et de beauté qu'aux personnages truculents et passionnés. C'est une peinture délicate et sensible remplie de chaleur humaine qui traite aussi de l'intégration d'un individu dans une communauté, un film merveilleux et poétique où le trio Wayne-O'Hara-McLaglen est remarquable, sans oublier le facétieux Barry Fitzgerald. L'oeuvre d'un grand metteur en scène qui vous revigore et vous purifie l'âme. Un chef-d'oeuvre tout simplement.