Vincent et Antoine,deux amis barmen,gagnent une énorme somme en jouant au tiercé après avoir suivi les prévisions basées sur l'astrologie de leur copine Josy.Ils décident d'acheter un bar à Monte-Carlo mais des embrouilles amoureuses et de nouvelles prédictions astrales vont compliquer la situation et retarder la transaction.En 78 Jean Girault commençait à s'approcher du terminus,d'ailleurs il décèdera en 82.Plus préoccupé sans doute de relancer la franchise des "Gendarme",en stand-by depuis huit ans,il devait surtout penser à la préparation du "Gendarme et les extra-terrestres" qu'il tournera dans la foulée de cette petite comédie bâclée dépourvue de vedettes bankable.L'idée de départ n'était pas mauvaise,les films sur l'astrologie n'étant pas courants,mais la paresse et la désinvolture avec lesquelles c'est écrit et réalisé transforment le machin en pudding indigeste.Pourtant l'équipe technique est solide et rassemble des collaborateurs habituels du cinéaste,dont la plupart ont travaillé sur les "Gendarme".Ainsi Girault a coécrit le script avec son habituel complice Jacques Vilfrid,il y a Sydney Bettex aux décors,Michel Lewin au montage,alors que certains acteurs ont fréquenté Saint-Tropez,à l'image de Michel Galabru,Yves Barsacq ou Jean-Pierre Rambal.Mais tout le monde a l'air de s'en foutre royalement et l'on assiste à une molle enfilade de scènes plates et sans intérêt menée par une galerie de personnages inconsistants.Même l'excellent Claude Bolling s'est fendu d'une musique feignasse,probablement a-t-il ressorti ses partitions de quand il avait cinq ans,tandis que l'image est moche et grisâtre,un comble quand on tourne à Monaco.Les protagonistes s'agitent au ralenti et font preuve d'une logique discutable au fil de saynètes pas drôles et sans envergure.Il s'agit grosso modo d'un vaudeville laborieux qui prend le pas sur le thème affiché,l'astrologie donc.De temps en temps un des trois héros ressort son horoscope afin de relancer l'action de manière filandreuse,mais ce n'est plus qu'un accessoire secondaire.Finalement aucun point de vue n'est exprimé à ce sujet,les prévisions se réalisent de manière troublante mais sont aussitôt contredites par d'autres éléments,impossible de savoir ce que les auteurs en pensent,si tant est qu'ils en pensent quoi que ce soit.Il reste deux ou trois gags amusants,c'est peu sur une heure et demie,et un témoignage d'époque concernant ces seventies finissantes avec paysans arriérés qui ne plaisantent pas avec l'honneur de leur soeur,hommes dragueurs,fumeurs,buveurs, joueurs et machistes qui n'hésitent pas à claquer le cul des filles quand l'occasion se présente,sur fond de développement immobilier dévastateur.Le casting est de deuxième main et visiblement pas dirigé entre le transparent Claude Rollet et un Henri Courseaux qui en fait beaucoup trop dans la grimace débile et la gestuelle désordonnée.Les filles s'en sortent mieux avec une Evelyne Buyle à l'aise en salope vénale passant de bras en bras au gré de ses intérêts et la magnifiquement belle et très juste France Dougnac,qu'on aura trop peu vue au ciné.Ils sont entourés de quelques comparses rompus à ce genre de plaisanteries,Alice Sapritch en diseuse de bonne aventure,Michel Galabru en militaire retraité refusant qu'on rase sa maison,Georges Descrières,le grand Arsène Lupin télévisuel, en notaire escroc,Jacques Marin en parieur acharné,Katia Tchenko,qui ne nous gratifie même pas de son traditionnel plan nichons,c'est vous dire la misère,en fermière plaquée et pas contente,Jean-Pierre Rambal en curé dépassé et Henri Czarniak en péquenot brutal.Curiosité,la présence dans son propre rôle du journaliste hippique Maurice Bernardet,pronostiqueur de talent qui fit les beaux jours du PMU sur RTL.Sapritch et Galabru,qui n'ont pas ici de scènes communes, formeront en 84 un exceptionnel couple originel dans l'effarant "Adam et Eve" de Jean Luret.