Au départ, je m'étais dit qu'aller voir ce documentaire, c'était continuer à soutenir la Liberté de la Presse (majuscules partout!) et ensuite, j'ai réalisé qu'on était 5 dans la salle. Des 4 millions de Français dans la rue le 12 janvier 2015, à travers tout le pays, il ne pouvait pas décemment rester que ça ! Plaisanterie rurale mise à part, c'est l'un des questionnements de ce documentaire finalement assez optimiste : qu'a déclenché le massacre inique du 7 janvier ? Un feu de paille ? Un mouvement de revendication profond qui ne s'essoufflera pas de sitôt ? Pour tenter de répondre à cette question, les survivants de Charlie mais aussi Élisabeth Badinter, toujours aussi lucides quoique plus inquiets qu'auparavant, ou encore un professeur de philo de confession musulmane. Rien n'est joué, rien n'est gagné non plus. On ressort de la projection avec ce même sentiment de gâchis qui nous habite depuis plus d'un an. Les assassins ne sont rien, ils sont interchangeables et innombrables, aussi arrogants que creux, il suffit de se pencher pour en ramasser une poignée. Mais les gens disparus, dessinateurs parisiens ou guitariste du Bataclan, étaient, eux, uniques et irremplaçables. Espérons que de nouveaux individus pensants continueront à se lever pour reprendre le flambeau.