Film académique et de luxe, L’idéaliste sent bon les boiseries polies et les émanations de cigare des salons privés des grands studios réservés aux élites. Casting de haut vol (Damon, De Vito, Glover, Voight, Scheider, Danes, Rourke !) réalisation rutilante, long format (2h15), la qualité made in US se pose bien là.
Dans son registre, le film de procès, le film fait son job de façon plutôt convaincante : les retournements, les déconvenues, et le regard par le prisme d’un jeune premier initié aux requins du milieu, tout fonctionne. Certaines scènes assez attachantes retranscrivent assez bien la maladresse du néophyte, et Voight, à son habitude, domine de sa morgue cynique son petit monde dans des affrontements plutôt réussis.
Maintenant, tout cela reste adapté de Grisham, et le titre n’est pas usurpé. Défenseur de la femme battue et du leucémique, Damon manque singulièrement d’épaisseur, et son aspect Abbé Pierre est quelque peu monolithique. L’intrigue secondaire avec Claire Danes est franchement dispensable, et la démonstration (le monde de la justice est corrompu) bien falotte.
On reprochera surtout au film la lourdeur de son didactisme : l’utilisation de la musique, le recours à la voix off, les plans insistants sur Voight pas content, Damon content, les parents en pleurs, tout est sursignifiant et méchamment poussif dans son pathos.
Comme souvent avec Coppola, son nom nous autorise à de bien plus hautes exigences, et l’on s’étonne pour ce film comme pour bien d’autres, à vrai dire, de ce choix convenu et lisse dans sa chatoyante filmographie.
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