Ouvrant les yeux sur tes péchés et le monde tu t'enfuiras en pénitence cachant sainteté dans la suie
L'île c'est ce lieu hors du temps et du monde, c'est le chemin de la rédemption, c'est l'écrin où par la prière et le repentir, par la transcendance de la foi, les hommes ont eu le droit à un prophète. L'île c'est l'arrivée et le départ pour celui qui suite à un meurtre se condamne avec violence à l'éternelle repentance, poursuivi par sa conscience bien qu'il trouve refuge en Dieu. C'est une année en Russie au son des voix rauques, des coups de pioches, des planches qui vibrent, de la brouette qui grince, des flammes, des prières et des tuyaux qui sifflent ...
Il n'y a tout d'abord pas à tergiverser, L'île, c'est beau. J'ai l'impression, sans doute du à mon manque de culture, que c'est propre au cinéma russe en général, c'est esthétiquement impeccable, on en redemande, c'est travaillé sans être aucunement artificiel et nos yeux sont brillants.
On pourra alors me dire que contrairement à ce que prétendent certains cinéastes, la beauté seule ne fait pas un film, rassurez vous les amis, j'approuve, la suite va arriver ! De plus, disais-je, ici c'est une bénédiction, un apport parfait à cette histoire qui est sublimée par cette esthétique, elle fait partie du propos. De même pour la musique qui l'accompagne, simple en apparence mais omniprésente, bien choisie, revenant régulièrement et appuyant ainsi les scènes du film avec grâce mais obsession et discrétion.
Il serait injuste de passer à coté de l'interprétation magnifique de l'ensemble des acteurs ! Retenez ce nom (en particulier) : Piotr Mamonov ! Il m'a soufflé, il faut que je voie Tsar maintenant !
La combinaison de ces différents éléments grâce au talent de Pavel Lounguine donne un film qui prend son temps, qui se complaît dans des scènes magnifiques pleine d'émotion, apportant une pierre à l'édifice qui permet à travers le temps de dessiner un paysage, une cathédrale ou un visage. Le propos n'est pas creux, tout au contraire, c'est celui sur l'homme et la perception qu'il a des autres, du monde, de Dieu, c'est aussi une réflexion sur la mission, la foi, nos démons et l'accueil que l'on réserve à l'homme de Dieu.
Oh et puis un dvd où ton seul choix de langue possible est russe sous-titré français ne peut qu'être le dvd d'un bon film ou une copie de mauvaise qualité d'un blockbuster américain acheté par erreur bourré en Turquie. Donc c'est un bon film.