L'île au trésor est un film que j'ai peut-être un peu de mal à cerner. Je veux dire que partout le film est présenté comme un documentaire et j'ai un peu de mal à croire que certaines scènes ne sont pas jouées, certes, c'est criant de vérité, mais j'ai du mal à imaginer certaines scènes se dérouler comme ça devant lui, innocemment et lui juste capturer ce moment, avec des gens aussi naturels devant la caméra. Donc ça m'intéressait pas mal de savoir comment il a pu tourner ce film, comment il a réussi pour faire en sorte qu'un tel naturel des situations se dégage.
Outre cette interrogation, le film est vraiment bon. J'ai plusieurs fois eu l'impression de me retrouver dans Contes de juillet qu'il a aussi tourné (en partie) à la base de loisirs de Cergy-Pontoise. Les animateurs qui draguent les visiteuses, qui leur promettent de s'amuser le soir dans un endroit isolé du parc... avec le lot de malaise qui va avec ce type de drague ouverte où parfois la fille n'est juste absolument pas réceptive.
Et en fait en alternant différentes petites histoires, des fraudeurs, des dragueurs, des types qui semblent diriger le parc, des surveillants ou bien juste des jeunes qui s'amusent Guillaume Brac arrive à toucher du doigt ce que c'est que d'être jeune, au soleil et de vouloir s'amuser, rencontrer des filles...
Il y a une certaine innocence à tout ça, comme si en fait ce parc arrivait à un peu s'isoler du reste du monde, de la ville autour, l'affiche d'ailleurs est pas mal pour ça, on voit les immeubles dépasser au loin. Mais Brac a l'intelligence de présenter quelques témoignages pour justement contre-balancer un peu le côté idyllique, bon déjà on voit un peu de l'aspect gestion du bordel, on voit les jeunes éconduits, mais surtout a cet afghan qui parle de pourquoi il a quitté son pays, ce prof qui raconte comment cet endroit arrive presque à être encore un havre de paix...
Le monde extérieur existe toujours, Brac ne l'a pas oublié, mais cette base de loisirs permet un moment de s'échapper, de retomber en enfance, comme ces deux gamins qui sur la fin se mettent à explorer. Et donc à travers ce film j'ai vu une certaine ode à l'enfance ou du moins à l'innocence de la jeunesse, l'âge où on explore les lieux, mais aussi l'autre sexe.
Je dirais juste que malheureusement toutes les petites saynètes ne se valent pas forcément et on a un long passage avec un vigile qui semble parler tout seul, mais j'ai juste trouvé ça inintelligible, comme s'il n'articulait pas assez. Bon c'est du détail, mais dans l'ensemble, c'est vraiment touchant et une véritable bouffée d'air frais.