Association de malfaiteurs.
Alors que la saga "Pirates des Caraïbes" allait tout fracasser au box-office à partir de 2003, un autre film tenta de remettre au gout du jour le swashbuckler bien des années avant mais connu un destin bien différent avec une recette pourtant proche si l'on excepte les envolées surnaturels du hit de Disney. Co-production entre les USA, la France, l'Allemagne et l'Italie, "Cutthroat Island" resta malheureusement dans les anales pour son bide retentissant, colossal projet qui précipita la chute de la société Carolco. A croire que les spectateurs sont plus réceptifs face à Johnny Depp jouant les travelos que devant Geena Davis en mode botteuse de culs.
Tourné par Renny Harlin, alors en vogue à Hollywood grâce au second "Die Hard" et au sympathique "Cliffhanger", "Cutthroat Island" se traîne depuis sa sortie une réputation désastreuse de navet cosmique, ce qui laisse franchement perplexe quand on voit le résultat à tête reposée.
Certes, le film de Harlin est bancal à plus d'un titre, ne révolutionne jamais le genre et déroule une intrigue vue et revue, cumulant tous les passages obligés du genre sans s'en fouler une. Mais d'un autre côté, "Cutthroat Island" n'a jamais prétendu à quoi que ce soit, si ce n'est rendre hommage à un genre qui aura fait les beaux jours de l'âge d'or d'Hollywood et fait rêver des millions de gamins.
Bénéficiant de moyens gigantesques, d'une reconstitution flamboyante, "Cutthroad Island" manque peut-être de personnalité mais fait le job avec une efficacité redoutable, offrant aux spectateurs acceptant l'aventure un ride enamouré aux pays des pirates et des trésors cachés, un superbe livre d'images tourné à une époque où le numérique n'était pas encore devenu la norme et où on filmait dans de splendides décors naturels.
Alors épouse du cinéaste (qui la dirigera à nouveau un an plus tard dans le jouissivement con "Au revoir à jamais", le meilleur film de Harlin à ce jour), Geena Davis donne de sa personne et atomise tout autour d'elle, farouche amazone aussi belle qu'intrépide, formant un duo attachant avec l'excellent Matthew Modine, face à un Franck langella s'en donnant à coeur joie en méchant patibulaire.
Porté par un score d'une belle ampleur signé John Debney, "Cutthroat Island" ne mérite aucunement la volée de bois qu'il reçu à sa sortie, joli blockbuster généreux et plus d'une fois impressionnant, rendant un bel hommage à un genre tombé dans l'oubli tout en respectant les codes de son époque à base d'explosions pyrotechniques, de punchlines bien senties et d'héroïne badass.