Aussi simple
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L'histoire est écrite par les vainqueurs et les vainqueurs la racontent.
L'Île de Giovanni est un beau témoignage d'un bout d'histoire qui m'était inconnu, la prise par les Russes à la sortie de la seconde guerre mondiale de l'île de Chikotan, petite île comptant seulement 1500 habitants, principalement des pêcheurs et des chasseurs. Ils furent tous déportés et, parfois, au gré des intempéries, du froid et d'un peu de chance, purent rentrer chez eux.
L'originalité de ce récit provient surtout du point de vu adopté, le regard de deux enfants Kanta et Jumpei. Tous deux sont innocents, spectateur d'un monde qui s'effondre, se réfugiant dans une nouvelle inachevée : "Train de nuit dans la Voie lactée". C'est pour eux un échappatoire, ce billet de train qui leur permet d'aller où ils veulent.
Il y a également Tanya, fille du commandant Russe, l'ennemie. La relation entre Jumpei et Tanya est porteuse d'espoir. L'absurdité des événements ne les atteints que peu et l'importance de ceux-ci s'effacent le temps d'une balade, d'un feu, d'un dessin...
Les plans sont de toute beauté et illustrent avec force le propos sous-jacent. On navigue entre rêve et réalité au gré des couleurs, des ombres et lumières. L'envie d'une pause contemplative m'a souvent traversé l'esprit tant certains tableaux étaient splendides. Quant à la musique, comme souvent dans l'animation japonaise, elle tient un rôle important et nous aide à voyager.
Bien sûr, le film n'est pas exempt de défauts. A titre d'exemple, sa deuxième partie reste prévisible, tirant trop sur la corde du drame familial. Cependant, la poésie qui s'en dégage ainsi que les nombreuses émotions ont pour moi effacé la moindre envie de vous citer de plus amples défauts.
C'est un film qui se déguste, et même si le parallèle avec le chef d’œuvre de Isao Takahata ("Le tombeau des lucioles") ne peut être évité, le film ne souffre que peu de la comparaison, gardant son identité propre et sa poésie majestueuse.
L'île de Giovanni parle de sujets graves sans tomber dans le manichéisme, suggère plus qu'il ne montre et n'oublie pas de traiter de l'espoir dans l'avenir. Et pour cela, je le remercie.
"Je n'aurais plus peur de cette immense obscurité, j'irais chercher le vrai bonheur pour tous. Et toujours, toujours, toujours, nous continuerons à avancer ensemble."
Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à ses listes Itinérance d'un cinéphile en devenir (2015) et T'as moins d'mille notes, t'as d'la jugeote, viens qu'on soit pote! (ou quand la notion d'éclaireur prend tout son sens)
Créée
le 10 mai 2015
Critique lue 419 fois
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