C’est peu dire que la Hammer a créé un cinéma de référence. Avant d’être imité puis transgressé par des firmes italiennes, elle a inspiré d’autres producteurs anglais. Si la Amicus fut la concurrente la plus sérieuse, la Planet Film Productions proposa cinq films dont cette Île de la terreur qui convie deux habitués de la Hammer, Terence Fisher à la réalisation et Peter Cushing en haut de l’affiche. Pas d’épouvante baroque ici, mais un récit de science-fiction qui évoque davantage le cinéma américain des années 50. Si le budget est, de toute évidence, plutôt faible, Terence Fisher connaît son affaire. Le récit, même s’il est classique, est bien mené et repose sur une idée intéressante.
Budget modeste oblige, l’ensemble, après une première partie très intrigante jouant sur des motifs connus et parfaitement exploités (isolement de l’île, froid, nuit brumeuse), baisse d’un cran lorsqu’il dévoile les créatures tentaculaires, responsables des premières morts. Une fois acceptée la nécessité de montrer à l’écran ces bêbêtes ridicules en plastique, le combat pour les exterminer se révèle plutôt conventionnel même si les enjeux posés par le scénario ne relèvent pas de la série B. Créer malencontreusement un monstre pour lutter contre une maladie dans un laboratoire, l’histoire est presque prémonitoire. Les explications scientifiques, plutôt fines, apportent une véritable crédibilité au résultat.
Si on sait faire fi de trucages anciens rudimentaires, le film peut parfaitement se regarder au premier degré. On est certes loin des grandes réussites de la Hammer, mais, à titre personnel, je trouve la conduite de ce récit plus intense que la série des Quatermass, la présence de Peter Cushing constituant un atout indiscutable. Un sympathique petit moment.