Le temps infini du labeur
Un couple de paysans vit sur un bout de rocher hostile au large de la côte japonaise, et cultive leurs terres infertiles en transportant dos nu des seaux d'eau provenant de l'autre rive. Bientôt, un de leurs deux fils tombe gravement malade.
Primitif, insensé, éprouvant, monstrueux... primordial, pictural, symphonique, gigantesque : humain.
L'ile nue est une expérience de cinéma unique et primordiale. Un film sans parole qui laisse l'esprit du spectateur voguer librement sur une musique cyclique sublime et un cadre naturel hors norme pour l'éprouver petit à petit et subitement le saisir en plein cœur dans le silence le plus total.
Le brillant Kaneto Shindo nous offre simplement l'une des expériences les plus simple, profonde et puissante du cinéma Japonais.
A titre d'explication, mon esprit s'est tout d'abord évadé, les yeux perdus dans la beauté paisible de l'image et du rythme immuable de leur tâche insensée. J'ai pensé un instant que ça allait être long, très long. Puis c'est la claque au propre comme au figuré, et bientôt le film se termine et là c'est l'incrédulité : c'est déjà fini !
J'aurais voulu rester encore et encore spectateur de la beauté qui les entoure, de leur vie si parfaitement mise en scène pendant des heures, les voir parvenir et finalement triompher. Mais la vie est ainsi, continuer son chemin coûte que coûte. Peu importent les épreuves et la finalité.