Beaucoup de bonnes idées, comme cette représentation très imagée de l’imaginaire enfantin, rappelant au passage la fabuleuse ouverture de Toy Story 3. De même que le traitement des amis imaginaires, vu comme le résultat d’un manque chez l’enfant, qu’il cherchera à combler par la création d’un personnage censé répondre à ses besoins, ce qui est souvent le cas. Enfin, la construction du script est également très bien pensée, se concentrant sur le parcours d’un ami imaginaire comprenant sa nature et son rôle au fil d’une aventure qui finit dans un climix mêlant réalité et imagination, avec en prime, l’aide d’un personnage tertiaire dont la portée symbolique est la seule chose à m’avoir réellement ému lors de mon visionnage.
Parce que oui, malgré ses ingénieuses trouvailles, l’ensemble ne fonctionne pas vraiment. La faute en revient surtout à cette réalisation extrêmement plan-plan, ne tirant jamais profit d’une animation pourtant très qualitative. Mais le film accuse également de lourds problèmes de rythme. L’intrigue met trop longtemps à se lancer, alors que le deuxième acte est lui beaucoup trop court. J’aurais préféré passer plus de temps dans le monde des amis oubliés par leurs créateurs, parce qu’en l’état Rudger passe trop rapidement de « merde je vais disparaître ! » à « waou je suis au paradis » et on ne sent pas assez la chance inouïe qui s’offre à lui à ce moment précis de l’histoire. Sa prise de conscience et son évolution sont également trop précipitées, passant exclusivement par des dialogues explicatifs ou des flashs backs un peu faciles, au lieu d’être corrélées à des péripéties qui le feraient évoluer de manière plus subtile.
Les protagonistes sont également trop superficiels à mon goût, il leur manque une caractérisation ou une profondeur plus marquée pour que l’on puisse réellement s’attacher à eux et craindre pour leur sort.
Pourtant, il y avait là encore de belles idées. Le personnage d’Emily pourrait avoir une proximité plus forte avec Rudger. Ils ont tous les deux des traits humains, elle fait figure de mentor pour lui et sa brutale disparition est rendue encore plus tragique par le fait que, en disparaissant dans les limbes, plus personne ne se rappellera de son existence. Et pourtant, même si j’adore l’intention, j’étais si peu attaché au personnage que sa mort ne m’a laissé aucune empreinte. Il en va de même pour le méchant, M. Bunting. Là encore, super personnage que cet humain sans imaginaire propre, obligé de voler celui des autres pour repousser sa propre mort encore et encore. Il y a quelque chose d’à la fois tragique et poétique chez cet antagoniste qui, dans le film, est traité comme un méchant de cartoon grotesque, ni menaçant, ni vraiment drôle, et encore moins mémorable.
C’est le gros problème de ce long-métrage. J’y vois toutes les bonnes intentions, mais jamais je ne les ressens dans le film. J’y ai apprécié les qualités scénaristiques après coup, mais sur le moment, j’ai surtout eu la sensation de voir un dessin animé fade et oubliable ce que, à la base il n’est pas, mais qu’à l’arrivée, il finit par devenir, faute d’une finition plus travaillée.